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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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  • > Archives pour le Mercredi 24 avril 2013

A quelque chose, malheur est bon !

Posté par francesca7 le 24 avril 2013

 

A quelque chose, malheur est bon ! dans EXPRESSION FRANCAISE chats-00053Souvent l’on tire de ses malheurs des avantages que l’on n’aurait pas obtenus sans eux

 Ce qui peut être vrai pour quelques personnes ne l’est pas pour d’autres, car il y a des gens auxquels le malheur n’apprend rien. Un homme, vraiment sage, sait en tirer de salutaires leçons pour l’avenir, ce qui affermit son expérience. La moralité de ce proverbe, en usage déjà au XVIIe siècle, est que souvent le malheur fait naître la sympathie et qu’il a une grande influence sur l’état de l’âme. On peut dire dans ce cas que le mal amène le bien.

La Fontaine a émis celte idée dans deux de ses fables. Dans l’une d’elles (livre X, fable IX), ayant pour titre : Le berger et le roi, un roi fit d’un berger un juge, parce que celui-ci avait bien soin de ses troupeaux. Le berger qui n’avait pour lui que du bon sens, fut bientôt revenu de ses hautes fonctions et n’eut rien de plus pressé que de reprendre sa houlette et son chapeau de berger. Dans l’autre fable (livre VI, fable VII) intitulée : Le Mulet se vantant de sa généalogie, le fabuliste avait mis en scène un mulet qui se piquait de noblesse parce que sa race tenait de celle du cheval, mais il se ressouvint ensuite qu’il tenait aussi de celle de l’âne. De là ces quatre vers :

Quand le malheur ne serait bon
Qu’à mettre un sot à la raison,
Toujours serait-ce à juste cause,
Qu’on le dit bon à quelque chose.

On trouve chez un poète grec des vers sur ce sujet, dont voici la traduction :

L’envie est, dites-vous, un fléau dangereux.
De mille maux elle est toujours la cause.
Soit ; mais j’ai vu souvent en crever l’envieux,
Malheur est bon à quelque chose.

Voici la pensée de Franklin à ce sujet : « Le malheur est bon à deux choses : à éprouver les amis, et à épurer la vertu. » Il en est de l’homme de bien comme des plantes aromatiques ; plus un les broie, plus s’exhale leur parfum.

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A l’impossible, nul n’est tenu

Posté par francesca7 le 24 avril 2013

 

Il est hors de doute que personne ne peut être tenu de faire ce qui dépasse son intelligence ou sa force physique

 Il faut prendre garde de faire de ce proverbe un prétexte pour ne pas accomplir son devoir, en exagérant les difficultés et en déclarant impossible ce qui ne l’est pas complètement. D’un autre côté, il y aurait de l’injustice à exiger d’un homme ce qui est réellement au-dessus de ses forces.

Cependant il est notoire qu’une volonté bien décidée rend possible presque tout. La nécessité amène, en général, une réunion de forces. Pythagore le dit dans l’un de ses vers, dont voici la traduction : La puissance habite près de la nécessité. Souvent ce n’est pas la puissance qui nous manque, mais la volonté. Une personne très malade est persuadée qu’elle ne peut pas marcher. Que le feu prenne à sa maison, dans sa chambre, elle se lèvera instantanément et marchera. C’est donc la nécessité qui nous fait recouvrer toutes nos forces.

Un autre proverbe, qui a quelque analogie avec celui-ci dit : On ne peut pas peigner un diable qui n’a pas de cheveux. Il n’y a que les gens lâches qui ne manquent pas d invoquer ce proverbe pour se dispenser des devoirs les plus essentiels ou trop pénibles.

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Patrimoine de Vincenot

Posté par francesca7 le 24 avril 2013

Patrimoine de Vincenot dans FONDATEURS - PATRIMOINE vincenot-180x3001912 : Naissance d’Henri Vincenot, écrivain, peintre, sculpteur

Né le 2 janvier 1912 rue des Perrières à Dijon, au sein d’une famille composée de cheminots et d’agriculteurs, Henri Vincenot étudia à l’école Darcy, puis au collège Saint-Joseph, puis à l’École supérieure de commerce de Dijon, et poursuivit sa formation à Paris (HEC). Après un bref passage à Prisunic, il « entre au chemin de fer « , sa passion. Chef de gare à Saint-Jean- de-Losne et Louhans, il bifurqua bientôt vers un travail qui lui convenait mieux : journaliste au magazine ferroviaire Notre Métier devenu La Vie du Rail.

Romancier, poète, dessinateur, peintre, sculpteur, comédien, ses dons sont multiples. Il bénéficia d’un grand bonheur conjugal en épousant Andrée Baroin (1913-1984). Plusieurs enfants élargirent le cercle de famille : Jean- Pierre (1936), Claudine (1938), François (1940-1988) et Denis (1944). Ils vivaient à Paris, en vacances à Commarin et à La Pourrie (un hameau remis par eux en vie près de Labussière-sur-Ouche), à Talant de 1939 à 1945, à Commarin quand Henri en retraite put se consacrer pleinement à son œuvre. Il a publié en 1953 Je fus un saint (Denoël) et il demeurera attaché à deux éditeurs, Denoël et Hachette.

La plupart de ses romans ont un lien avec la Bourgogne et souvent s’y situent entièrement. Ses lieux de prédilection : la Montagne et l’Auxois, les Maranges. Aux œuvres romanesques initiales à partir des années 1950 (La Pie saoule ; Les Chevaliers du Chaudron ; À rebrousse-poil ; Les Yeux en face des trous ; Walther, ce boche, mon ami) s’ajoutent deux volumes de la collection La Vie quotidienne (Les chemins de fer au XIXe siècle et La Bourgogne au temps de Lamartine). Deux romans lui assurent des tirages élevés et une notoriété importante: Le Pape des escargots puis La Billebaude. Sans doute traite-t-il souvent des mêmes thèmes (l’attachement aux vertus durables de la tradition, le refus d’un « progrès » déshumanisant et qui détruit la nature), mais il est complexe et volontiers paradoxal. Son imagination débordante, son style si goûteux, son personnage même (sa moustache, son accent, son gilet brodé) l’écartent des sentiers du régionalisme étroit pour acquérir une stature nationale d’auteur respecté. Bernard Pivot en fait son « chouchou » de son émission télévisée Apostrophes (Lire, juin 1990), ce qui lui vaut la célébrité.

Multiple, Henri Vincenot ne se résume évidemment pas à ce portrait bien incomplet. Il ressent d’autres appels littéraires : la Bretagne, le Maroc. Il dessine et il peint, exposant régulièrement. L’homme fait corps et âme avec son œuvre. Il est rare en effet qu’un auteur épouse à ce point l’intrigue d’un livre, la figure d’un roman. La Gazette, ce vagabond qui chemine depuis deux ou trois mille ans à travers la Bourgogne, est sans doute son meilleur personnage. Jamais guéri du décès de son épouse, il meurt le 21 novembre 1985 au domicile de sa fille, rue Jean-Jacques Rousseau à Dijon. Plusieurs biographies lui sont consacrées ; cinq thèses et mémoires étudient son œuvre. Ses dessins et peintures sont reproduits dans deux ouvrages, l’un général (édité par Anne Carrière) et l’autre ferroviaire (La Vie du Rail). – JFB

Actes des Rencontres Henri Vincenot organisées les 17 et 18 octobre 1992 par l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, textes réunis par Martine Chauney-Bouillot, Académie des sciences, arts et belles-lettres ; et Précy-sous-Thil, l’Armançon, 1993, 153 p. : ill. (« Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles- lettres de Dijon », t. 133).

Le Pape des escargots

Par Henri Vincenot

Le Pape des escargots dans ESCARGOTBon là j’étais un peu vendu d’avance à ce livre. D’abord parce que le recueil de romans dans lequel figure le pape des escargots m’a été offert par mes parents. Et aussi parce que ça faisait un moment que je m’étais promis de m’intéresser à Henri Vincenot, le chantre de la Bourgogne, ma région natale.

Gilbert vit comme un ermite dans sa ferme appelée la Rouéchotte. Négligeant les travaux de la ferme et oubliant de se nourrir, il passe son temps à sculpter alors que sa famille est toute entière tournée vers les travaux des vendanges. Son occupation est considérée comme une lubie par tous, sauf par la Gazette, un vieil original errant qui voit en Gilbert la réincarnation des bâtisseurs bourguignons d’antan qui ont œuvrés à la construction des plus belles églises romanes. Le talent de Gilbert est remarqué fortuitement par le propriétaire d’une galerie d’art parisienne qui, grâce à ses nombreux contacts dans le milieu de l’art moderne, lui propose de l’envoyer à Paris tous frais payés pour suivre des cours dans une école d’art. Gilbert le Bourguignon va donc prendre la route de Paris.

Le pape des escargots est un livre très riche. Les thèmes dont il est question sont très nombreux.

Commençons d’abord avec la Bourgogne. Il est évident que Henri Vincenot est un amoureux fou de sa région, la terre des Eduens et des Burgondes. Ça se sent à chaque ligne, à chaque description de ses personnages, des paysages et des bâtiments. La langue est joyeuse. J’ai pris plaisir à lire certains mots que je n’avais qu’entendu jusque-là. Des beaux mots comme revorcher, reveuiller, beuzenot, pangnat, traignas, treuffes etc. D’ailleurs je me suis dit que j’avais encore quelques progrès à faire pour comprendre vraiment le patois bourguignon. Le texte est en truffé et on peut buter dessus si on ne connaît pas ces mots. Mais ça m’avait fait la même chose avec le français d’Acadie dans Pélagie la charrette sans pour autant m’empêcher de l’apprécier. Toujours au rayon des mots, on notera le vocabulaire du domaine de l’architecture, de la sculpture, de l’artisanat et de la bonne nourriture.

Les personnages sont plutôt colorés, et c’est un euphémisme dans le cas de La Gazette, sorte de prédicateur errant, mémoire vivante de la vie bourguignonne, des traditions ancestrales, de l’architecture et des Compagnons du Devoir. Les exégètes d’Henri Vincenot pourraient facilement consacrer une longue étude à propos de ce personnage, qui est en fait le véritable héros du roman. Le pape des escargots c’est lui.

Je ne m’attendais pas du tout à ce que ce livre parle de religion. En fait ça parle beaucoup plus de spiritualité que de religion. La Gazette expose l’intégration des coutumes laïques et druidiques dans le christianisme. Henri Vincenot n’a pas attendu le Code Da Vinci pour mêler christianisme, panthéisme et paganisme.

Mais le thème central de ce livre est la vie en Bourgogne, le terroir diront certains. C’est un mode de vie et un monde que je n’ai pas connus, mes parents un peu et mes grands-parents sans doute un peu plus. C’est une culture qui disparaît petit à petit malheureusement. Vincenot a manifestement une dent contre la ville, lieu de perdition par opposition à la campagne où on respecte les vraies choses. On frôle parfois la caricature en ce qui concerne le contraste entre la vie dans la Bourgogne profonde et le mode de vie urbain mais ça reste crédible. Vincenot a lui-même expérimenté les deux modes de vie : né et élevé en Bourgogne, il a passé de nombreuses années à Paris. On peut donc lui accorder un certain crédit sur le sujet. Et puis comme tout écrivain, il force le trait pour passer son message. J’aime bien aussi la sensibilité écologique de l’auteur. Écrit dans les années 70, ce livre aborde déjà le sujet de la pollution des nappes phréatiques, du manque d’eau en été, de l’utilisation intensive des engrais dans l’agriculture… Ces sujets sont malheureusement toujours d’actualité.

Le pape des escargots, c’est aussi l’histoire des déracinés, comme Vincenot lui-même. C’est la description des individus qui quittent leur région pour la ville, que ce soit Dijon ou Paris. Avec la distance on a tendance à se couper de ses racines. C’est ce qui arrive à Gilbert de la Rouéchotte mais il finit par se retrouver. Il ressort grandi de son expérience d’expatrié.

En guise de conclusion, voilà une lecture très agréable, je garde les autres romans du recueil sous la main.


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Doctrine spirituelle de Saint Bernard

Posté par francesca7 le 24 avril 2013

 

Bernard fréquente l’école de Saint-Vorles, à Châtillon. Il est doué d’une grande intelligence et d’une forte volonté, mais il est timide, méditatif, rêveur. Renonçant à des études plus poussées, il entre en 1112 au monastère de Cîteaux, près de Dijon, fondé en 1098. Il a persuadé trente de ses parents et amis à se faire moines avec lui. La vie est rude et austère à Cîteaux, et Bernard s’y donne généreusement aux veilles, aux travaux, aux mortifications, mais aussi à la méditation de l’Écriture, à l’étude des Pères de l’Église et de la règle de saint Benoît. En 1115, il est mis à la tête d’un groupe de douze moines et va fonder l’abbaye de Clairvaux, en Champagne. L’abbé, selon la règle de saint Benoît, est maître spirituel et responsable de l’enseignement doctrinal de sa communauté. Bernard va pouvoir communiquer l’objet de ses méditations. Il ne sera jamais un théoricien, un homme d’école. Ses écrits sont des écrits de circonstance, s’adressant toujours à des hommes qu’il faut aider à se convertir. Deux maîtres vont compléter sa formation philosophique et théologique : Guillaume de Champeaux (?-1121), évêque de Châlons-sur-Marne, et Guillaume de Saint-Thierry (?-1148), bénédictin de Saint-Nicaise de Reims. Bernard, épuisé et malade, doit se reposer durant un an ; vivant à l’écart, dans une cabane, il peut se livrer à loisir à l’étude et à des entretiens avec ses deux amis. Nous savons par Guillaume de Saint-Thierry, qui écrivit sa vie, que Bernard et lui discutaient des « relations du corps et de l’âme ».

 Doctrine spirituelle de Saint Bernard dans FONDATEURS - PATRIMOINE st-bernard

Vers 1125, Bernard écrit ses deux premiers traités : Sur les degrés de l’humilité et de l’orgueil et Sur l’amour de Dieu. Sa doctrine, qui fera école chez les Cisterciens, s’y trouve toute condensée. Disciple convaincu de la règle de saint Benoît, il met l’humilité à la base de toute conversion et joint indissolublement l’ascèse du corps et de l’esprit au progrès de l’âme dans son ascension vers Dieu. C’est à la fois une échelle d’humilité, de vérité et de charité. « Socratisme chrétien », la connaissance expérimentale de la vérité mène à Dieu en trois étapes.

   C’est d’abord la connaissance de soi : « Connais-toi toi-même » dans la misère de la condition d’homme pécheur, c’est ta vérité et c’est ainsi que tu t’aimeras utilement. C’est ce que Bernard appelle l’amour « charnel », où l’homme cherche Dieu pour ses propres besoins.

   Cette prise de conscience réaliste conduit à la connaissance d’autrui, sympathie douloureuse pour la commune condition. Parce que « le semblable connaît son semblable », je l’aime comme un autre moi-même. C’est l’amour « social », second degré, où s’exerce l’ascèse purificatrice de la vie commune, école de charité, où l’homme brise le carcan de son égoïsme et élargit son cœur, comme une peau s’étend sous l’action de l’huile. « L’amour charnel devient social lorsqu’il s’élargit à la communauté. »

   L’amour de soi, « charnel », connaît une autre extension, celle de l’humanité du Christ. Car le Christ s’est fait chair pour devenir, par amour, ce que l’homme est devenu par le péché. La dévotion de saint Bernard à l’humanité du Christ, dont les siècles suivants ne retiendront que l’aspect affectif, a un caractère pédagogique et théologique, et la même chose peut être dite de sa dévotion mariale. Dieu s’est rendu visible, aimable pour gagner notre cœur de chair. Par l’aide que le Seigneur lui donne pour sortir de sa misère, l’homme apprend à estimer cet amour de Dieu qui le sauve et, bientôt, en vient à aimer Dieu, non plus charnellement, c’est-à-dire pour son propre intérêt, mais d’un amour spirituel, désintéressé : Magna res amor, c’est une grande chose que l’amour s’il remonte jusqu’à son principe. Ce processus d’ordination de la charité a l’originalité de saisir l’élan, l’« affectus » de l’homme et de le redresser vers son objet « naturel », Dieu. D’égoïste qu’il était, l’amour a appris la communion dans son rapport avec autrui, pour entrer dans la communion d’esprit avec Dieu. À ce troisième degré d’amour, l’homme a recouvré sa liberté, mais, tant qu’il est en cette vie, ce ne peut être la pleine liberté de l’esprit, car il demeure lié au corps terrestre et ne jouit pas encore de la présence totale de l’objet de son amour.

   Il est un degré plus haut encore, que l’on n’atteint que rarement et passagèrement, où l’homme ne s’aime plus que pour Dieu : c’est l’« extase » (excessus), l’absorption de tout retour sur soi, par l’esprit qui est communion. L’homme atteint la réalisation de son être spirituel, qui est mouvement vers Dieu. L’amour du véritable soi spirituel subsiste, mais n’est plus expérimenté indépendamment de la communion avec Dieu. Expérimenter cette union d’esprit, c’est être déifié. Quelque audacieuses que soient les comparaisons de cette fusion, celle-ci n’est jamais la confusion panthéiste. Le personnalisme de l’amour s’y oppose. L’expérience de l’amour ramène l’âme vers son origine, Dieu, qui est esprit. Saint Bernard est l’héritier d’une traditionnelle théologie mystique qui commence avec Origène. Il lui reprend un grand nombre de thèmes, notamment la distinction entre l’image et la ressemblance de l’homme à Dieu. S’il a perdu la ressemblance, il a gardé l’image : la liberté, liberté spirituelle qui consiste pour l’âme à se libérer de tout ce qui l’entrave dans la réalisation d’elle-même, qui, finalement, est le consentement à la grâce, qui la sauve. Saint Bernard a développé ce thème dans son traité De la grâce et du libre arbitre. Sensible à la loi d’ascension, de progrès, de dépassement, par laquelle la conscience conquiert sa propre vérité, il a confiance en cet élan intérieur, qui commence à l’expérience malheureuse de la cupidité pour s’achever dans la béatitude de l’esprit. S’il tient l’essentiel de sa doctrine de l’Écriture, notamment du mot de saint Jean « Dieu est amour » et des Pères grecs et latins, il a axé cependant toute sa doctrine sur la connaissance expérimentale que donne l’amour (amor ipse notitia). Le vocabulaire de l’amour courtois n’a pas été sans influence sur sa pensée et sur son style.

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L’œuvre écrite

La pensée, la prière de saint Bernard sont tout imprégnées de la Bible, de ses images, de ses exemples, de ses mots. Celle-ci est la source de sa spiritualité, où s’exerce le « souvenir » dans l’attente de la « présence ». Par la liturgie et par la lecture des Pères, saint Bernard est sans cesse au contact des paroles bibliques, qui sont devenues les siennes.

   Les Cisterciens avaient renoncé à tout sauf à l’art d’écrire. Le style de saint Bernard est brillant, recherché même ; il abonde en jeux de mots, en allitérations. S’il est nerveux, il est souvent exubérant. Mais, sous cette apparence, il y a un principe d’ordre et d’équilibre, d’harmonie dans le parallélisme, et l’on a remarqué que la langue de Bernard devient plus sobre et plus dépouillée lorsqu’il parle de l’expérience mystique. Saint Bernard possède aussi un certain art dramatique, comme lorsqu’il tient en suspens l’humanité, la cour céleste et Dieu lui-même dans l’attente de la réponse de la Vierge Marie au message de l’Ange de l’Annonciation.

   Il a toujours été beaucoup lu et étudié. Du pape Jean XXII, au XIVe s., au pape Jean XXIII, les hommes d’Église l’ont pris pour guide de leur vie personnelle et de leur ministère. Luther même l’estimait. Les moines le considèrent comme leur maître spirituel. Les philosophes de l’esprit Maurice Blondel, Louis Lavelle, Aimé Forest ont reconnu en lui, après Pascal, celui qui avait donné aux concepts de liberté et de conscience une place prépondérante dans l’histoire de la pensée.

   Saint Bernard eut une vie partagée, divisée même, entre l’action et la contemplation. Il s’en plaignit souvent, mais il vécut intensément ces deux vies, en les unifiant en un merveilleux équilibre par la pureté de son intention. Bergson ne reconnaissait-il pas dans cette ambivalence des mystiques chrétiens, fruit de leur charité, le critère certain du dynamisme de l’esprit ?

 

 

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