Découverte d’un pays en Côte d’Or
Posté par francesca7 le 23 avril 2013
Calé à l’ouest du département de la Côte d’Or, le pays de Saulieu, Liernais et Précy sous Thil n’ a pas véritablement de limites. Comment le décrire ? Dessinons par exemple, un ballon de rugby vertical avec Saulieu sensiblement au centre, Précy sous Thil au nord et Liernais au Sud. Notre trajet part de Rouvray, monte sur Vieux-Château où il s’infléchit en direction de Vic de Chassenay avant de redescendre sur Courcelles les Semur, Braux, Clamerey, Beurizot, Chailly sur Armançon, Clomot. La courbe se resserre alors de nouveau en direction de Savilly avant de remonter vers Blanot, puis de suivre la limite départementale jusqu’à Rouvray. Les trois cantons de Saulieu, Précy sous Thil, et Liernais étant, pour leurs parts, intégralement englobés dans ce périmètre. L’enclave étonnante de Ménessaire, petit morceau de la Côte d’Or échappé du département, méritait d’être incluse elle aussi dans notre inventaire.
Frontière floue toute symbolique, l’attrait touristique d’une région étant compris dans un environnement plus général. De temps à autre, nous déborderons ici ou là pour vous signaler une curiosité digne d’intérêt, même si, pour l’occasion, nous devons sortir un instant de la Côte d’Or.
Le parc naturel régional du Morvan recouvre une bonne partie du territoire en prenant sous son aile la partie ouest qui inclut Rouvray, La Roche en Brenil, Saulieu, Saint Martin de la mer, tandis qu’une langue s’allonge de Saulieu jusqu’au site de Thil, englobant Montlay en Auxois et Vic sous Thil.
d’Est en Ouest, les communes changent de visages. D’abord constituées d’un village principal avec quelques dépendances, elles deviennent en s’approchant du Morvan, des groupements de hameaux, écarts et lieux-dits. Champeau en Morvan par exemple, à l’ouest de Saulieu, regroupe ainsi plus de 25 appellations.
Beauté des paysages, situation géographique privilégiée, aspect physique de premier ordre, la région de Saulieu, Précy sous Thil et Liernais intéressa l’homme dès les premiers âges ; a Saizerey, une grotte préhistorique revendique une occupation à l’âge de pierre. En témoignent également les menhirs de Pierre-Pointe, de la Grande-Borne ou de Montigny, fièrement dressés ou redressés. Fantastiques blocs de granit érigé 2 000 ans avant Jésus Christ. Et peut être même bien avant. Ces trois monolithes sont généralement considérés comme les trois seuls authentiques menhirs de la Côte d’Or.
A leur tour, les Romains laissèrent ici nombre de témoignages de leur installation. Voies romaines comme celle qui joint Sainte-Isabelle à Saulieu, ville qui naquit certainement d’abord comme relais. (Au temps de la Gaule, une importante voie ancienne reliait Alésia à Bibracte en évitant Saulieu, ce qui tend à prouver sa création ultérieure). Mont Saint Jean fut d’bord un puisant camp romain. Missery doit son nom à Micerieus et Braux accueillit une agglomération gallo romaine du milieu du 1er sicècle avant notre ère (fouilles en cours).
plus tard, la région se hérissa de châteaux dont on retrouve des origine jusqu’au 10ème siècle à Thil ou Mont Saint Jean, au 11ème siècle à Thoisy la Berchère. Chaque siècle apporta sa pierre à l’édification de ce merveilleux assortiment d’édifices de tous styles, classes ou époques. Certains eurent à souffrir de la Révolution, d’autres des grandes guerres, comme Flée qui résista avec peine au conflit de 1939-1945, et parfois plus simplement de l’abandon pur et simple qui transformait ce patrimoine en carrière de pierres.
Forêts verdoyantes, vallons et collines, rivières, climat tempéré, tout cela explique sans doute l’attrait des hommes pour cette région. Richesse d’un bois abondant indispensable au chauffage mais aussi à tant et tant de métiers. Richesse d’une forêt striée de veines de minerai, on fondait le fer sur place dans des « bas fourneaux », richesse des pâturages et cultures réparties sur le flanc des collines, ou au fond des vallées.
Tous ces siècles d’histoire dotèrent ce petit coin de Bourgogne d’innombrables légendes, les plus célèbres concernent la Beuffenie , la Vouivre et Gargantua . La Beuffenie, vilaine fée locale, reste d’origine inconnue. La Vouivre se retrouve sous deux aspects. Animal fabuleux, serpent, serpent-ailé ou dragon, niché dans quelque grotte ou ruines ou la Grande Vouivre, animal gigantesque, serpent couvert d’écailles vivant sous terre sur plusieurs kilomètres (sensiblement le long de la ligne de partage des eux). Elle produit en surface des phénomènes étranges connus depuis l’époque celtique et appelés aujourd’hui magnétisme, radioactivité.. Les amateurs liront avec plaisir « Le Pape des Escargots » d’Henri Vincenot.
Gargantua, quant à lui, nous vient également de cette école celte où l’on découvre déjà un géant du nom de Gar, qui dériva en Gargantua avant d’être repris par Rabelais.
Malheureusement, train, charbon, industrialisation, exodes vers les villes… le pays se trouva au début du 20ème siècle face à une situation bien difficile. Patrimoine et beauté des paysages furent de bien faibles valeurs face aux besoins économiques et à l’appel des grandes cités. Aujourd’hui, un nouveau chapitre s’amorce. Le développement des loisirs stimule la région. Vieilles pierres, rochers légendaires, étangs créés par le flottage du bois, calme, accès facile, tout cela motive les visiteurs de plus en plus nombreux à venir y vivre quelques jours ou quelques heures. Bien des villages ont gardé leur lavoir, leurs vieux puits aux margelles souvent de pierres massives et des pompes à volant dont certaines fonctionnent encore. Bien qu’un grand nombre soient en ruines, d’innombrables moulins à eau subsistent encore aujourd’hui au bort des rivières ou de retenues.
N’oublions pas la réputation gastronomique de la région, immortalisée par les lettres de Madame De Sévigné, qui de passage à Saulieu pour se rendre à Vichy, « s’enivra » au cours du repas ; « Ils sont si longtemps à table que par contenance on boit, et puis on boit encore ;.. ». Les bonnes tables ne manquent pas aujourd’hui, tant à Saulieu que dans tous les environs et le visiteur gourmet pourra également acheter et déguster de délicieuses spécialités locales comme les foies gras ou les magrets confits de Mont Saint Jean.
Certes, le tourisme en lui-même n’est pas vraiment LE sauveur, mais en revalorisant le territoire, il redonne à chacun l’espoir d’un renouveau bien amorcé, il redonne à chacun la fierté d’habiter, de vivre en ce pays, le Pays de Saulieu, Liernais et Précy sous Thil.
La statue dite « de Madame de Sévigné » aurait, selon la légende, été offerte par la célébre marquise.
Allant prendre les eaux à Vichy, elle fit halte à Saulieu le 26 août 1677.
Lors d’un repas copieusement arrosé, elle a avoué dans sa correspondance avec sa fille Mme de Grignan avoir été grise, tant à Saulieu elle avait bien bu et bien mangé !
La tradition rapporte que, une migraine et quelques remords plus tard, elle fit don, en acte de contrition, à la collégiale St Andoche d’une piéta polychrome.
Cette statue en pierre, qui la représenterait, se trouve actuellement sur le bas côté gauche de la basilique romane.
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