A paris au 14ème Siècle
Posté par francesca7 le 20 avril 2013
HISTOIRE DE PARIS au 14ème siècle
(D’après Paris à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu’à nos jours, paru en 1879)
Marcel effrayé, essaya de se dégager, mais l’un des compagnons de Maillard, Jean de Charny, fondit sur lui et d’un coup de hache sur la tête l’étendit à ses pieds. Tous ceux qui étaient avec Marcel furent tués et le garde de la porte fut pris pour être mené en prison.
Alors Jean Maillard et ceux de sa troupe s’en allèrent criant et réveillant les gens jusqu’à la porte Saint-Honoré, qui était occupée par des partisans du prévôt ; ils tuèrent tous ceux qui refusèrent de leur obéir, puis se rendirent dans divers quartiers où ils arrêtèrent chez elles une soixantaine de personnes. Le lendemain matin, Maillard fit assembler la plus grande partie de la communauté de Paris aux Halles, et, montant sur une estrade, il raconta comment et pourquoi lui et ses amis avaient tué le prévôt et ses partisans, au moment où ceux-ci se disposaient à livrer la capitale aux Anglais.
« Quand le peuple qui présent était ouï ces nouvelles, dit Froissart, il fut moult ébahi du péril où il avait été ; et en louaient les plusieurs, Dieu à mains jointes, de la grâce que faite leur avait ; là furent jugés à mort par le conseil de prud’hommes de Paris et par certaine science, tous ceux qui avaient été de la secte du prévôt des marchands, si furent tous exécutés en divers tourments de mort. » Cinquante-quatre d’entre eux avaient été tués dans la bagarre ; leurs corps furent traînés devant l’église Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers, en souvenir du meurtre de Robert de Clermont et de Jean de Conflans.
Le même jour Charles Roussac, échevin, et Josseran, furent enfermés au Châtelet, d’où ils ne sortirent que pour avoir la tête tranchée. On jeta leurs corps dans la rivière. La fureur populaire se déchaîna contre les partisans du prévôt. Gilles Marcel, neveu d’Étienne, fut mis à mort ainsi que Jean de l’Isle et Thomas, chancelier du roi de Navarre, qui s’était costumé en moine, et comme tel, fut réclamé vainement par l’évêque de Paris.
Après la défaite et la mort du prévôt, Paris changea de physionomie. Les bourgeois se sentirent pleins de zèle pour le régent ; ils jetèrent au feu les fameux chaperons rouges et bleus et attendirent impatiemment l’arrivée du dauphin, qui rentra dans sa capitale au bruit des acclamations. Il accorda une amnistie générale, ce qui ne l’empêcha pas de faire trancher la tête à Pierre Caillard, gouverneur du Louvre, pour l’avoir mal défendu ; à Jean Prévôt, à Pierre Leblond, à Pierre de Puiset et à Jean Godard, avocats. Leurs corps furent aussi jetés à la Seine. Un certain Bonvoisin, bourgeois de Paris, fut aussi, par son ordre, mis en oubliette. La ville élut un nouveau prévôt des marchands, ce fut Jean Desmarets.
Le roi de Navarre voyant ses plans manqués, ne songea plus qu’à se venger du régent ; il lui déclara la guerre et bloqua Paris, après avoir appelé comme auxiliaires le captal de Bach et Robert Knolles, célèbre capitaine anglais. I1 envoya un héraut provoquer le régent et défia les Parisiens en bataille, mais personne n’ayant répondu à son défi, il continua à dévaster Saint-Denis et Montmorency, avant de se retirer vers Melun, où il mit garnison.
La famine réduisit la capitale à une extrême détresse. « On vendoit ung tonnelet de harengs trente escus et toutes aultres choses à l’advenant et mouroient les petites gens de faim dont c’estoit grand’pitié ». Tous ces désordres qui désolèrent Paris pendant l’année 1358, firent faire défense à toutes les églises et collégiales de sonner les cloches depuis vêpres jusqu’au lendemain matin, afin de ne pas troubler les sentinelles.
Le régent n’osait abandonner Paris à cause des intelligences secrètes que le roi de Navarre y entretenait, alors il s’occupa de rechercher ceux qui s’étaient compromis en soutenant Étienne Marcel, et le 25 octobre, il fit mettre en prison dix-neuf personnes accusées de trahison.
Ces poursuites venant après l’amnistie produisirent un effet déplorable, et le nouveau prévôt des marchands alla trouver Charles, au Louvre, et un célèbre avocat, Jean Blondel, qui l’accompagnait, lui remontra combien cette mesure était de nature à aigrir les esprits. Le régent promit d’y songer, et le lendemain il alla à la Grève où, étant monté sur une estrade élevée, à coté de la croix, il harangua le peuple et justifia la nécessité des arrestations qu’il avait fait opérer, et Blondel s’excusa de ce qu’il lui avait dit la veille ; cependant à la suite de cette explication publique, les prisonniers furent relâchées.
Jusqu’au mois de mai, les choses marchèrent à peu près ; le 13, on lut à l’assemblée des États un projet de traité pour la mise en liberté du roi Jean II,
Au mois de novembre, Édouard, roi d’Angleterre, entra en France et s’approcha de Paris ; au printemps de 1360, il prit Monthléry, Chastres (Arpajon) et Longjumeau. Il comptait, dit-on, en se rapprochant de Paris, sur la réussite d’une conspiration qui s’y tramait en sa faveur. Cette marche rapide remplit les Parisiens de terreur.mais les clauses en étaient si onéreuses, qu’il fut unanimement rejeté et on se prépara à soutenir la guerre, mais d’abord le régent commença par signer la paix avec le roi de Navarre, le 24.
Les Anglais brûlaient et ruinaient tout sur leur passage. Leur armée s’avança jusqu’à Montrouge, Issy, Vante et Vaugirard, c’est-à-dire aux portes de la capitale. « C’estoit un spectacle digne de compassion de voir fondre dans Paris tous les habitants des villages d’alentour, hommes, femmes et enfants tout éplorez pour y trouver asile. »
Le lundi de Pâques (6 avril), ordre fut donné de mettre le feu aux faubourgs de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Jacques et de Saint-Marcel, afin d’empêcher l’ennemi de s’y loger et de profiter des provisions qui pouvaient se trouver dans les maisons de ces faubourgs. Quelques habitations échappèrent cependant à cet incendie volontaire. L’armée anglaise demeura toute la semaine de Pâques devant Paris où se tenait enfermé le régent avec une forte garnison.
Édouard l’envoya défier au combat, mais n’obtint pas de réponse. Toute en craignant de ne pouvoir se rendre maître de Paris, il se retira en Beauce, où le 8 mai fut enfin signée la paix à Brétigny, à trois lieues de Chartres.
La famine se faisait cruellement sentir à Paris, les gens des campagnes environnantes qui étaient venus y chercher un refuge, erraient par les rues sans pain et sans asile. Le setier de blé valait 48 livres pârisis. Une mortalité terrible en fut la suite, et tous les jours quatre-vingts personnes mouraient à l’Hôtel-Dieu. La paix de Brétigny avait rendu la liberté au roi. Sa rentrée fut fêtée ; on fit jouer des fontaines de vin à la porte Saint-Denis, on tapissa les rues, et comme il lui restait peu de vaisselle d’argent, la ville lui fit cadeau d’un buffet d’argenterie d’environ mille marcs pesant.
Son premier soin fut d’aller faire ses prières à Notre-Dame, et de là, il se rendit au Palais, marchant sous un dais de drap d’or, porté par les échevins au bout de quatre lances.
Pour remédier à la misère publique on s’en prit encore une fois aux monnaies et on fabriqua des pièces de cuir, au centre desquelles était un clou d’or ou d’argent. (L’existence de cette monnaie a été niée par quelques historiens.)
Ce fut peu de temps après la rentrée du roi, qu’eut lieu dans le clos de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés un duel, resté célèbre, entre les ducs de Lancastre et de Brunswick. On sait qu’il existait une place particulière pour ces sortes de combats sur lesquels le voyer de Paris percevait un droit. Chacun des adversaires lui payait deux sous six deniers quand ils jetaient leur gage de bataille, et sept sous six deniers parisis, quand le prince leur avait accordé le lieu où ils devaient se battre. Le duel des deux ducs était un combat à outrance.
Ils entrèrent l’un et l’autre dans la lice : chacun fit serment sur l’Evangile que son droit était le bon et qu’il entendait le soutenir par les armes, sans user d’aucun maléfice ou sortilège ; après quoi ils s’armèrent. Défense fut faite sous peine de mort à qui que ce fût de faire aucun signe.
Les hérauts crièrent : « Laissez aller », et les juges assistèrent impassibles au combat qui avait tellement excité la curiosité publique, que non seulement il s’y trouva un grand nombre de spectateurs, mais que l’évêque de Paris, afin d’être un des premiers à choisir une place d’où il put bien voir, vint coucher à l’abbaye la veille, en ayant soin de déclarer par écrit, que son entrée et son séjour dans l’abbaye ne pourraient jamais être invoqués contre les privilèges dont elle jouissait. Ce fut le duc de Lancastre qui succomba.
En 1362, touchées de la misère où se trouvaient réduits nombre d’orphelins faits par la guerre, quelques personnes pieuses achetèrent une maison et une grange attenante à la maison aux Piliers ou au Dauphin et y établirent de malheureux enfants qu’elles avaient recueillis. L’évêque de Paris leur permit de bâtir une chapelle et d’y fonder une confrérie pour exciter les fidèles à contribuer à l’entretien de ces enfants. Telle fut l’origine de l’hôpital du Saint-Esprit.
L’église fut bâtie en 1406 et dédiée solennell-ment le 16 juillet 1503. Le 8 septembre 1413, fut fondée dans cette église la confrérie de Notre-Dame-de-Liesse. Le roi Charles VI et sa femme Isabeau de Bavière en furent les principaux bienfaiteurs. Comme les gens qui désiraient faire partie de la confrérie étaient obligés de donner un grand repas aux confrères, on l’appela par dérision, la confrérie aux Goulus. Le 8 mars 1539, les administrateurs de l’hôpital obtinrent un arrêt du parlement qui leur permit de quêter en faveur des enfants admis. Louis XIV par lettres patentes du 23 mai 1680, unit l’administration de cet hôpital à celle de l’hôpital général de Paris.
En 1363, un règlement daté du 16 août, interdit à tout boucher du quartier Sainte-Geneviève de vendre d’autre viande que celle tuée à la boucherie de Sainte-Geneviève. Aucune bête ne pouvait être tuée la veille d’un jour maigre et en aucun temps celle affectée de la maladie appelée le fil. Par arrêt du parlement du 7 septembre 1366, les bouchers durent tuer hors de Paris, sur la rivière et apporter ensuite la viande à Paris pour y être vendue. La contagion qui avait commencé à Paris en 1361, reprit une nouvelle intensité en juillet 1363 ; la maladie ne durait guère que deux jours et la mort la terminait.
C’était un deuil général dans toutes les familles. L’évêque de Paris Jean de Meulant en fut atteint et mourut le 22 novembre 1363. Cet évêque avait eu quelques mois avant sa mort un procès à l’occasion du guet de Paris que les évêques avaient coutume de faire faire par leurs officiers en armes, autour de l’église cathédrale, depuis la fin des vigiles de l’Assomption jusqu’au lendemain de la fête.
Le prévôt de Paris, Jean de Dun, et les archers du Châtelet ayant surpris le guet de l’évêque en armes dans la ville, le mirent en prison et confisquèrent ses armes. L’évêque porta l’affaire au parlement qui, le 19 mai 1363, décida que l’évêque serait maintenu dans son droit, mais que ses officiers porteraient leurs armes dans des sacs jusqu’à la cour de l’évêque et au lieu où ils devaient faire le guet, et les rapporteraient de la même façon.
Le guet de Paris avait été réglementé par une ordonnance du roi Jean II du 6 mars 1363 ; aux termes de cette ordonnance, chaque métier devait faire le guet une fois en trois semaines.
Le roi Jean II, après avoir déclaré son fils Charles régent du royaume, repassa en Angleterre le 3 janvier 1364, pour donner à Édouard des explications sur le retour de son autre fils Jean, qui s’était échappé de Calais où il était en otage, pour venir à Paris qu’il n’avait plus voulu quitter. Il mourut à Londres le 8 avril. Son corps fut apporté à Paris, déposé d’abord à l’abbaye de Saint-Antoine-des-Champs, puis conduit à la cathédrale et de là à Saint-Denis.
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