Répartition des étrangers de 1851 à 1911
Posté par francesca7 le 17 avril 2013
24 302 Suisses, sans oublier de très nombreux juifs (non dénombrés comme tels).
La plupart des étrangers s’établissement en ville. 57 % des Italiens et 58 % des Espagnols sont des hommes, et seulement 44 % des Allemands et 42 % des Anglais. Presque tous sont jeunes, donc actifs et laborieux. Ils travaillent peu dans l’agriculture, comme ouvriers agricoles et plus souvent saisonniers que permanents. On compte, chaque année, 50 000 Belges pour les moissons du Bassin parisien et autant d’Italiens dans le Midi pour la récolte des raisons et des olives. La plupart choisissent l’industrie, le commerce, le transport, la domesticité où ils assurent les tâches délaissées par les Français : mineur, maçon manutentionnaire, serveur, bonne, femme de ménage ou de chambre…. Leurs « concurrents », français de souche, autour de Lille, Marseille, Paris et des mines du Midi leur reprochent d’accepter de travailler à vil prix et de faire baisser les salaires, voire de devenir délinquants. Cette xénophobie entraîne parfois des rixes, et même des massacres (Aigues-Mortes, 1893). Leur intégration, annonçant leur assimilation rapide, passe le plus souvent par le mariage avec un Français, d’autant plus que la plupart des étrangers sont jeunes et célibataires ; pour les trois-quarts d’entre eux, ils épousent « français », et leurs enfants davantage encore.
En conclusion, en 1914, et selon le recensement de 1911, dont les résultats ont été publiés en 1913, la France compte 39 602 258 habitants, dont 5 millions vivent dans les villages de moins de 500, 18,5 millions dans les communes entre 500 et 5 000 habitants et 16 millions dans les plus peuplées. Cette population est dispersée et mal répartie. Si, entre 1808 et 1866, l’Ouest restait très peuplé et le Sud-Est peu peuplé, en 1914 l’Ouest se dépeuple et le Sud Est et les régions du Nord de la France se sont largement peuplées. Un quart de la population française se concentre dans les départements de la Seine, de la Seine et Oise, du nord, du Pas de Calais, de la Seine Inférieur (Maritime), du Rhône et de la Gironde. Au Nord Ouest, seule est peuplée la région de Rouen ; à l’Ouest, seule la région de Nantes ; au Sud Ouest celle de Bordeaux ; au Sud Est, celles de Lyon et Marseille.
La population est très faible dans les Hautes et Basses-Alpes, l’Ariège , le Territoire de Belfort, la Lozère, le Tarn et Garonne, la Corse, les Landes. Quant à la mobilité croissante, elle concerne plus les migrations intérieures des campagnes vers les villes que les migrations internationales, les étrangers en France étant, depuis des siècles, plus nombreux que les Français à l’étranger. Face à 65 000 000 d’Allemand, la France ne possède que 40 000 000 d »’habitant et a perdu la suprématie démographique et politique qu’elle avait jusqu’à l’Empire. Sa population a peu de jeunes, beaucoup de vieux, beaucoup d’actifs et beaucoup de ruraux.
L’exode rural a deux formes : le modèle normand ou aquitain où il y a à la fois dépopulation naturelle et immigration, et le modèle breton et vendéen (voir auvergnat) où la forte natalité entraîne et alimente une migration intensive surtout vers l’agglomération parisienne. Il faut souligner la primauté du Nord, et avant tout de la région parisienne. En dépit de cet exode rural massif mais varié, il n’y a pas de « désert français » en 1914 ; la France rurale l’emporte encore sur la France urbaine, qui va en triompher définitivement après la première guerre mondiale, tombeau des paysans, au sens propre comme au sens figuré.
A la faveur de leur émancipation de 1791, les communautés juives de France s’accroissent et se répandent (ils passent de 50 000 à 100 000). En Alsace-Lorraine, où ils sont 50 000 en 1868, ils quittent leurs ghettos campagnards et s’installent dans des villes qui leur étaient autrefois interdites : Strasbourg, Belfort, Mulhouse. Ils vont en Franche Comté (Dôle, Besançon), en Bourgogne (Dijon). Les juifs du Midi quittent le Comtat pour Lyon et Marseille (où il sont 4 000 à la fin du siècle). Les juifs de Paris sont 550 à la Révolution, 2 600 sous l’Empire, 8 000 en 1840, 30 000 en 1870, 40 000 en 1900. D’origine, ils sont bordelais, messins, avignonnais, mais ils sont submergés par les Alsaciens après l’annexion allemande. Après 1914, les juifs d’origine française deviennent minoritaires à l’arrivée des juifs russes, polonais et roumains qui fuient les pogroms et croient trouver, dans l’entre-deux-guerres, la paix et la liberté entre Belleville et la rue des Rosiers. En 1942, quand commence la « Solution finale » les juifs sont au nombre de 300 000. le temps du triomphe des Rothschild, des Péreire, des Fould, des Worms, des Rachels et des Offenbach est fini : l’affaire Dreyfus a réveillé l’antisémitisme latent des Français, et Adolf Hitler a su en profiter : 70 000 juifs de France mourront en déportation….
Les communautés juives d’Afrique du Nord, présentes depuis l’époque carthaginoise, nombreuses à Kairouan, Constantine, Tlemcen, Alger et Fès sont heureuses de l’arrivée des Français à partir de 1830 : ils obtiennent la nationalité française (décret Crémieux, 1870). En 1962, ils étaient 140 000 en Algérie, 105 000 en Tunisie et 225 000 au Maroc. Si, depuis 1948, une bonne partie a émigré vers Israël, les autres sont revenus en France après 1962.
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