Avec sa forte personnalité, le sanglier occupe une place particulière dans la faune de notre pays.
Le sanglier, un animal photogénique
Pour preuve, les photos illustrant l’ouvrage de Colette Mangin « Regards surpris en forêt ».
Le photographe a passé une multitude d’heures en forêt ouverte pour ramener des milliers de clichés rassemblés dans « Regards surpris en forêt ». Elle dit sa tendresse particulière pour les marcassins qu’elle a parfois « approchés » presque à les toucher sans que la mère ne détecte sa présence.
Le livre « Regards surpris en forêt » de Colette Mangin est disponible à l’adresse suivante:
Colette Mangin – 6 rue Colbert – 10000 Troyes
Tél: 03 25 73 26 67 - colette.mangin@wanadoo.fr
Le sanglier (Sus scrofa) est un mammifère omnivore, forestier, proche du porc. L’espèce appartient à la famille des Suidés, appartenant elle-même à l’ordre des cétartiodactyles.
Sa femelle se nomme la « laie », les petits sont des « marcassins », les jeunes sont parfois appelés « bêtes rousses » et les mâles adultes des « solitaires ».
À l’origine, le mot sanglier vient du latin singularis, ce qui veut dire « singulier » dans le sens « unique, isolé, solitaire », parce que hormis les deux premières années de vie, le mâle vit seul.
Le sanglier est (ou est devenu pour échapper à l’Homme) essentiellement nocturne. Il est plutôt sédentaire et apparemment attaché à son territoire quand il est entouré d’obstacles, mais dans un milieu qui lui convient, il peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres dans la nuit et son aire vitale peut atteindre de 100 hectares à plus d 1 000 ha. Il sélectionne ses habitats selon la saison, l’heure du jour ou de la nuit et ses besoins alimentaires.
Les déplacements importants d’individus ou de groupes sont supposés induits par le manque de nourriture ou d’eau, le dérangement (poursuite par les chiens, chasse en battue, chantier, etc.). Les sangliers peuvent ainsi, seuls ou en groupe, parcourir des distances très importantes, traverser des fleuves et des routes, ce qui occasionne de nombreuses collisions avec des véhicules. Néanmoins, les individus semblent généralement ensuite chercher à revenir sur leur territoire. Le sanglier, omnivore et volontiers fouisseur, consomme de très nombreuses parties d’un grand nombre de végétaux (tubercules, rhizomes fruits dont les glands et les noix, céréales, etc.), des champignons (dont champignons à fructification souterraine tels que truffe ou truffe du cerf), de nombreux animaux (vers, mollusques, insectes et leurs larves, petits mammifères, lissamphibiens, oiseaux et autres sauropsides) morts ou vivants. S’il est affamé, il est réputé pouvoir occasionnellement s’attaquer à un animal plus grand mourant, voire à une brebis en bonne santé, en particulier lors de la mise-bas. Il se montre volontiers nécrophage.
Régulièrement, les sangliers se vautrent dans la boue dans des lieux appelés « souilles », et se frottent avec insistance contre les troncs d’arbres avoisinants, pour se débarrasser d’un certain nombre de parasites, pour réguler leur température corporelle et marquer leur territoire.
Ils dorment dans de petites dépressions du sol, sèches, bien dissimulées, nommées « bauges ».
Les compagnies de sangliers sont constituées d’une ou plusieurs laies suivies de leur progéniture. Les ragots (sangliers de 2 à 4 ans) ferment la marche lors des déplacements, mais sont remplacés par des mâles plus âgés en période de rut. Les cortèges sont souvent bruyants, non seulement par le bruit lourd des pas, mais aussi par les grognements, cris, soufflements et autres reniflements. Cependant, les sangliers savent se montrer discrets et silencieux s’ils se sentent menacés.
À l’approche de l’homme, le sanglier prend généralement la fuite avant qu’on ne l’ait détecté et peut se montrer étonnamment agile et rapide. Une laiepressentant un danger pour ses marcassins, peut se montrer dangereuse et charger, ou attaquer un chien, de même qu’un adulte blessé. Irrité, un sanglier claque violemment des dents ; on dit alors qu’il « casse la noisette ».
Comment le reconnaitre ?
Le sanglier est un porcin sauvage répandu à travers toute l’Eurasie sous des formes diverses bien que voisines les unes des autres. On le nomme sanglier commun et parfois sanglier d’Europe.
En moyenne en France, le mâle adulte pèse de 90 à 150 kg pour une longueur de 140 à 165 cm, tandis que la femelle adulte pèse de 70 à 80 kg et mesure de 125 à 145 cm. Le jeune sanglier revêt une livrée rayée dont la fonction sert au camouflage. Il est dénommé marcassin. À partir du 4-5ème mois, sa coloration vire au roux, il devient bête rousse. Vers 8-10 mois, les soies s’assombrissent pour donner la couleur sombre des animaux sub-adultes et adultes. Le sanglier est alors « bête noire » ou « bête de compagnie ». La distinction des sexes n’est aisée qu’en période estivale du fait du pelage ras que revêt le sanglier à cette saison. Il est alors généralement facile d’identifier la touffe de poil composant le pinceau pénien chez les mâles adultes ainsi que l’excroissance des testicules « ou suites » à la base de la queue. Les laies qui sont en général suitées lors de cette même période montrent des allaites largement développées. Le reste du temps, lorsque le sanglier revêt un pelage abondant, la distinction des sexes n’est guère évidente sauf pour le mâle adulte caractérisé par la présence de canines développées typiques et une morphologie plus imposante.
L’espérance de vie du sanglier en milieu naturel est peu connue mais elle pourrait atteindre les 10 ans. Cependant dans les milieux à forte pression de chasse, elle n’excède guère 3 années. En l’absence de chasse, l’effectif serait annuellement multiplié par un coefficient de 1,5 à 1,9 caractérisant la très forte prolificité de l’espèce.
Les structures sociales des populations de sangliers se caractérisent par une grégarité à laquelle échappent les mâles de plus de trois ans. La Hiérarchisation est très poussée. Au sommet de la hiérarchie se situent les mâles dans la force de l’âge puis les vieilles laies vigoureuses, viennent ensuite les laies d’âge moyen puis les jeunes mâles.
Le sanglier s’hybride très facilement avec le porc. Les conséquences de ce croisement sont graves (augmentation de la prolificité, pollution de l’espèce). Il est indispensable de maintenir intact le patrimoine génétique du sanglier. Le nomadisme est l’autre caractère éthologique qui caractérise notre animal. C’est un véritable besoin lorsqu’il s’agit de la recherche de nourriture.
Il existe par le monde une trentaine de sous espèce de sanglier et plusieurs espèces de cousin de la famille des suidés. Les plus connus vivent en Afrique, il s’agit du potamochère, du phacochère et de l’Hylochère. En Amérique, se sont les pécaris.
Comme autre cousin lointain, on peut également citer le babiroussa dénommé le cochon-cerf disparu depuis près de 100 ans et redécouvert par l’aventurier français Maurice Patry.
Répartition
En France, on trouve le sanglier quasiment partout, même si les densités les plus fortes se retrouvent dans les départements du quart Nord-est et du Sud-est.
Le sanglier fréquente une grande diversité de milieux pourvu qu’il trouve de la nourriture et une végétation assez dense pour se dissimuler : garrigue, lande, marais, forêt ou petit bois lui conviennent. On le rencontre aussi dans des zones de plaine de grande culture à couvert élevé (colza, maïs). En montagne, il se trouve parfois l’été à la limite des alpages les plus élevés. Il peut effectuer des migrations altitudinales en fonction des saisons, la neige étant une contrainte forte pour ses déplacements et son alimentation. Il s’adapte aussi bien à des milieux marécageux tels que la Camargue, qu’à des milieux secs tels que le pourtour méditerranéen.
On peut estimer sommairement la population française entre 500 000 et 900 000 individus. Les dégâts causés par l’animal aux cultures, principalement au maïs, représentent une facture annuelle de près de 20 millions d’euros. L’indemnisation aux agriculteurs est intégralement prise en charge par les chasseurs.
Régime alimentaire du Sanglier
Le sanglier est un opportuniste.
Il s’adapte à une très vaste diversité de ressources alimentaires selon leurs disponibilités au fil de l’année. La majeure partie de son régime alimentaire est constituée de matières végétales : bulbes, racines et rhizomes, tiges de plantes herbacées, feuillages de graminées ainsi qu’une multitude de fruits et graines les plus divers. La part animale est constituée de nombreuses espèces, le plus souvent d’insectes (adulte ou larve), mollusques, lombrics et autres petits animaux. Cependant on peut trouver occasionnellement des restes d’animaux plus gros tels que des reptiles, des batraciens, des oiseaux, des poissons ou des mammifères comme le chevreuil voire le cerf.
Il existe une échelle de préférence alimentaire relativement établie. Les fruits naturels (gland, châtaigne et faîne) y figurent en tête, suivis du maïs en grain. Certaines années, les glands et les faînes peuvent représenter plus de la moitié du volume de nourriture ingérée.
Reproduction du Sanglier
Le sanglier est une espèce polygame, le mâle dominant lors du rut pouvant s’accoupler à plusieurs femelles. Les vieux solitaires se rapprochent des compagnies et se livrent des combats terribles pour la possession des femelles ; ils affutent leurs armes en aiguisant bruyamment leurs défenses sur leurs grès. Ensuite ils s’affrontent gueule contre gueule, en éructant et en grognant comme des volcans en « éruption ». Le sang se mélange à la bave, malgré leurs épaisses cuirasses les blessures peuvent être profondes mais n’interrompent pas toujours la lutte tant les combats sont acharnés.
La maturité sexuelle chez le mâle est acquise vers 10 mois. Pour les femelles c’est entre 8 et 24 mois, selon la croissance, car un poids minimal est nécessaire à l’activité reproductrice (environ 35 à 40 kg). De même, pour un âge donné, la prolificité des laies est en partie dépendante du poids corporel : à titre indicatif, la taille de portée d’une laie adulte en France est de l’ordre de 5 à 6 marcassins. Il semblerait que la période la plus critique pour la survie du sanglier soit durant ses premiers mois de vie, où la mortalité post-natale peut être très variable et pourrait affecter de 10 % à 70 % des nouveau-nés. Après trois mois, trois semaines, trois jours de gestation la laie donne naissance à sa progéniture dans un nid appelé chaudron constitué de végétaux souples coupés à proximité. Ce nid restera pendant deux semaines le point d’attache de la famille.
À la naissance, les jeunes sangliers ou marcassins pèsent entre 700 et 1000 grammes. Leurs yeux sont ouverts et tous leurs sens développés. Ils savent très vite se tenir debout et se déplacer. Ils portent à la naissance une livrée marron claire rayée de longues bandes blanches qu’ils perdront au cours des mois.
Les laies de nos régions qui sont suralimentées peuvent avoir trois portées en deux ans.
Avant le nourrissage de ces animaux prétendus sauvages, les laies n’avaient qu’une portée par an. Les chaleurs se situaient dans le froid de l’hiver.
Après une vingtaine de jours, la laie et ses marcassins abandonnent le chaudron pour se mettre en compagnie en rejoignant d’autres familles : deux ; trois, parfois davantage.
Le mystère des sangliers géants
Longtemps le plus gros sanglier jamais pesé fut celui tué par la Général Joukov, président de la République Socialiste et Populaire de Bulgarie. Le monstre tué dans les années 70 accusait le poids phénoménal de 395 kg !
Il semblerait que les « Attila » de Turquie soient capables sans suspicion de rivaliser de nos jours avec ces records venus de l’Europe de l’Est. Records qui comme tous les records venus à cette époque de l’Europe de l’Est sont sujets à caution.
Statut
Le sanglier est une espèce classée gibier. Cependant depuis un décret de 1998, le préfet décide annuellement du classement nuisible ou non du sanglier, après avis du Conseil départemental de la chasse et de la faune sauvage. Cette différence de classement entre espèce gibier ou nuisible modifie principalement la durée pendant laquelle l’animal peut être chassé au cours de l’année.
Carte d’identité du sanglier
Ordre : Artiodactyla
Famille : Suidae
Sous famille : Suinae
Genre : Sus
Espèce : Sus Scrofa
Article réalisé par Eric Tournier et Jean-Pierre Fleury.