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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Journée à la ferme au 20ème siècle

Posté par francesca7 le 12 avril 2013

 Journée à la ferme au 20ème siècle dans HUMEUR DES ANCETRES semailles-300x236

A la campagne, les enfants participent aux travaux des champs ; il y a toujours une besogne pour eux et pendant ce temps-là, ils ne « trainent » pas.

Le monde agricole a connu des bouleversements extraordinaires au cours de ce dernier siècle. Le travail évolue assez peu jusqu’à la guerre de 1914 et se fait entièrement à la main. La campagne est riche de bras, l’agriculture y est intensive et plus de la moitié du territoire communal est cultivé. A cause de la guerre et des mobilisations, on ne peut plus labourer toutes les terres. La proportion entre herbage et cultures va s’inverser progressivement jusqu’à la deuxième guerre mondiale et se stabiliser ainsi.

Le contingent américain, venu prêter main-forte aux alliés, apporte aussi dans ses bagages quelques machines. Les toutes premières (faucheuse et moissonneuse-lieuse) apparaissent toutefois dès 1909-1019. La mécanisation des exploitations commence alors dès 19919- 1020. Peu à peu le cliquetis des faucheuses, des javeleuses, puis des moissonneuses-lieuses remplace le crissement du « dard » ou du ratelot ». La liste des jurons proférés habituellement est en même temps en plaine évolution car ces machines américaines conçues pour fonctionner paisiblement sur un terrain plat ont quelque fois du mal à  s’adapter au relief vallonné, aux fonds humides, aux cailloux, aux taupinières, aux « bouchures » trop expansives, aux recrus coupés trop haut…

Quelques années après la deuxième guerre mondiale, le tracteur remplace à son tour le cheval. On en garde tout de même un pour buter les « treuffes » et sarcler les « biottes ». On adapte les bonnes vieilles machines à chevaux en remplaçant les limons par une flèche. Il n’est pas question de tout acheter d’un coup. Vers 1950, il faut sacrifier de cinq à dix vaches pour s’offrir un tracteur, alors… Aujourd’hui, il faut en aligner de trente à cinquante.

Le Commis : La journée du domestique de culture commence vers 5 h 30 ou 6 h. Après une toilette rapide dans une cuvette d’eau froide, il se rend à la cuisine pour y boire le café. En hiver, deux heures de pansage l’attendent. Le commis va alors distribuer le foin en vrac, aux vaches et aux chevaux, par des ouvertures pratiquées dans le mur de la grange et qui débouchent sur le râtelier. Il « cure » ensuite « l’écurie des chevaux » et « l’écurie des vaches » avec sa fourche à quatre dents et sa brouette. Dehors, à un endroit visible de tous, il entasse soigneusement le fumier car un beau et gros tas de fumier signifie que la maison est riche et bien tenue.

Notre homme  prépare ensuite la « pouture » qui est un mélange de « biottes » (betteraves) « mincées » dans le « coupe-racine », et de « bouffe » (enveloppes de grains triées par la batteuse). Chaque animal a droit à sa ration déposée dans la crèche au moyen d’une grande manne d’osier. Une fois par jour, il faut abreuver les bestiaux qui sont alors détachés et conduits au « creux ou au puits. Exercice qu’il ne vaut mieux pas pratiquer en même temps que les voisins pour éviter de mélanger les troupeaux.

Vers 8 heures, le pansage terminé, tous les hommes se retrouvent à la cuisine pour manger une soupe au lait, des œufs au lard ou les restes de viande de la veille (le dimanche donne droit au chocolat ou au café au lait).

Les « Bouchures » : La journée d’hiver est occupée à l’entretien et aux réparations, à l’abattage et au stockage du bois de chauffage, des fagots. « Râper » les kilomètres de « bouchures » assure un long travail hivernal au commis ; armé d’un « volant » (croissant) ou d’un gouet, il remet en état le « piéchis ». C’est un travail de spécialiste qui consiste à transformer une haie plus ou moins haute et plus ou moins épaisse en une « brosse » étroite, d’environ, 1,20 m de haut, infranchissable par les bestiaux ; pour cela, des tronçons d’arbres verticaux sont conservés régulièrement au milieu desquels des perches sont entrelacées en position oblique ; celles-ci proviennent d’arbustes épineux droitement entaillés à leur pied pur qu’ils se couchent facilement, qu’ils ne se redressent pas et surtout qu’ils restent vivants ; tout l’excédent est supprimé, les meilleures rames feront des fagots pour le four à pain ou les petits pis du jardin, les plus grosse branches serviront de bois de chauffage, les brindilles, ronces et épines sont entassées et seront brûlées « le jour des Bordes » (premier dimanche de Carême, après le Mardi-Gras).

Le travail dure ainsi jusqu’à la tombée du jour et en rentrant à la ferme, c’est encore le pansage, comme au matin.

Labours et semailles : Au printemps, le tombereau est chargé avec le fumier accumulé pendant l’hiver. Le lourd véhicule est ensuite vidé, par petits tas bien alignés, dans le champ à fumer. Avant le labour, ce fumier est épanché à la fourche pour être enfoui par la charrue, tirée par deux paires de bœufs, de vaches de travail ou deux ou trois chevaux attelés de front. Avec les bœufs, il faut être deux ; « le piqueux » marche devant les animaux avec son grand aiguillon, tandis que le laboureur, conduit la charrue. Avec des chevaux, celui-ci travaille seul, dirigeant ses bêtes grâce à ses guides et surtout en vociférant sans cesse derrière l’attelage. Ce travail est épuisant ; si l’on admet qu’un sillon mesure une trentaine de centimètres de large, le laboureur parcourt plus de trente kilomètres pour retourner un hectare, plié en deux sur la charrue, tirant à droit, poussant à gauche les mancherons, avec un pied dans la « raie », l’autre sur le chaume.

L’unité agraire couramment employée est le « journal » ; c’est l’aire que peut labourer, semer et herser un homme en une journée de travail. Cette unité est extraordinairement élastique car elle varie facilement de 15 à 33 ares selon la qualité du terrain à cultiver.

 

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