Ariège, un pays de frontière
Posté par francesca7 le 7 avril 2013
Ni montagne ni frontière n’arrêtèrent jamais les hommes. Les Pyrénées ariégeoises étaient le lieu d’un intense passage. Il y avait les passants réguliers :marchands, colporteurs, muletiers et porteurs, acteurs du grand commerce franco-espagnol comme du petit commerce de frontière, celui qui permettait aux vallées de se procurer les produits de subsistance complémentaires. À certaines époques de l’année, c’était le passage en masse des troupeaux transhumants et aussi des ouvriers saisonniers, les moissonneurs, les vendangeurs, les forgeurs, les charbonniers qui allaient travailler en Espagne, celui des pèlerins allant vers les grands sanctuaires du sud ou des mendiants cherchant ailleurs une vie meilleure. La vie de la frontière animait les bourgs qui en étaient proches : là français, espagnols, andorrans se retrouvaient sur les marchés et les foires, dans les auberges et dans les fêtes.
Les échanges frontaliers étaient protégés par les lies et passeries. Ces accords qui unissaient une vallée du versant nord à une vallée du versant sud garantissaient à l’origine la sécurité des bergers, des troupeaux et des marchands sur la frontière ; ils étaient devenus des traités de « surséance de guerre » qui faisaient que lorsqu’il y avait guerre entre la France et l’Espagne, l’état de guerre ne s’appliquait pas dans les vallées et que passages et échanges continuaient comme d’ordinaire. On ne pouvait toutefois ignorer les conflits :s’il n’y eut pas de batailles dans les Pyrénées centrales, trop difficiles d’accès, il y eut des incursions ennemies qui semaient la terreur, il y eut surtout des bandes de déserteurs ou de soldats laissés sans solde après la paix et devenus pillards. La frontière était le refuge de ceux qui étaient poursuivis dans leur Etat pour des actions politiques ou pour un engagement religieux. Elle l’était aussi pour ceux qui voulaient échapper à la loi, contrebandiers et bandits de grands chemins. Au pied des cols, les hôpitaux (Ax, Salau) portaient secours aux « passants » sans ressources ou blessés ou malades.
L’accélération de l’Histoire à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème a eu des conséquences dont la gravité n’est sans doute pas apparue tout de suite, mais qui allaient se révéler destructrices d’équilibres séculaires.
Extrait du livre La vie en Ariège au XIXe siècle – ch.1
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