Les peuples persécutés du 15ème siècle
Posté par francesca7 le 5 avril 2013
Autre peuples marginalisé, donc victime de persécutions, et sur une plus grande ampleur, les juifs, dont les conditions de vie se sont dégradées constamment depuis l’an mille ; même si l’intolérance n’a pas été permanente et généralisée, les souverains s’étant montrés bienveillants ou sévères, et le peuple chrétien fanatique ou tolérant, selon les périodes et l’intérêt de chacun. En l’an mille, les juifs sont nombreux à Narbonne, à Carcassonne, à Béziers, à Toulouse, à Châlon sur Saône, à Troyes, à Vesoul, à Sens et à Metz, mais ils sont exclus du système féodal où le chevalier doit se battre, le prêtre prier et le paysan travailler la terre.
Les croisades inaugurent une longue période de persécutions. Dès 1096, la croisade des Pauvre,s menée par Pierre l’Ermite, entraîne le massacre des juifs d’Orléans, de Rouen, de Metz et de Limoges. Quelques années après l’apparition de la légende du crime rituel, Philippe Auguste saisit les biens des juifs, et expulsés pour la première fois du domaine royal, ils se réfugient en Champagne, en Bourgogne, en Provende et en Languedoc, avant d’être rappelés en 1198. Mais, exclus des corporations, des confréries et de la propriété foncière, ils ne sont ni bourgeois ni paysans, et sont contraints de vivre du prêt à intérêt car ils sont « déjà damnés… » Les juifs du Languedoc vont souffrir aussi de la croisade menée contre les Albigeois (mise à sac de Béziers en 1209) puis, après le rattachement du comté de Toulouse au domaine royal e 1229, subir la vie précaire de leurs coreligionnaires qui, en 1269 doivent, à l’instar des lépreux pour la crécelle, porter une rouelle distinctive. En 1276, ils sont exclus des petites localités, et peu à peu, des ghettos se forment dans les villes. Philippe le Bel les pille et les expulse en 1306 ; son fils Louis X le Hutin les rappelle en 1315. les juifs sont victimes de la croisade des Pastoureaux en 1320 (surtout dans le Sud Ouest), et sont encore bannis par Philippe le Long en 1322. Bien qu’absents du domaine royal, ils sont cependant accusés d’avoir empoisonné les puits et d’avoir ainsi causé la peste noire de 1348.
Les juifs de Strasbourg sont jetés dans un grand bûcher lors du pogrom de 1349 (2 000 victimes) et ceux de Bourgogne et de Franche-Comté sont bannis à leur tour. Le futur Charles V les rappelle en France dès 1359 car il a besoin de leur argent pour payer la rançon du roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais ; mais seuls les plus riches reviennent et il suffit à Charles VI de ne pas renouveler leur autorisation de séjour pour expulser définitivement les juifs de France en 1394.
Encore nombreux en Provence, ils en sont expulsés en 1498 par Charles VIII, quelques années après le rattachement du comté à la France, et après plusieurs massacres de juifs à Arles et à Manosque. Luis XII est obligé de réitérer l’édit de bannissement ou de baptême, et de nombreux juifs provençaux se font chrétiens pur ne pas partir. En même temps, chassés d’Espagne, qui a expulsé ses juifs en 1492 et accepte mal ces nouveaux chrétiens, les « marranes espagnols » s’installent, par dizaines de milliers et pendant les décennies suivantes, à Bordeaux et en Languedoc avant d’être naturalisés par Henri II.
Quand Mets est rattaché au royaume en 1552, les juifs sont autorisés à y rester. Quant aux juifs du pape, installés dans les ghettos de Carpentras, de Cavaillon, de l’Ile sur Sorgue et d’Avignon, ils sont en rapport direct avec le royaume de France, même si le Comtat appartient à la papauté jusqu’en 1791. En résumé, si l’expulsion de 1394 a chassé les juifs du nord, ils sont encore nombreux dans le Midi.
Quant aux départs de Français vers l’étranger, ils sont liés aux changements de souverain an Aquitaine et en Normandie. On estime à 2 000 le nombre de Gascons anglophiles originaires de l’Adour et du Bordelais qui émigrent en Angleterre après la libération de Bordeaux ; en 1450, ils se sont établis dans les compagnes environnant les ports du sud de Londres. De même pour le Normands, naturalisés rapidement par les rois d’Angleterre, et installés dans des colonies importantes à Southampton et à Londres (où ils vivaient autour de la place de « La petite France » ). D’autres Normands préfèrent l’Italie du nord, Milan et Padoue. Alliant les raisons professionnelles au goût de l’aventure, des marchands normands s’établissement à Civitavecchia (pour y acheter de l’alun, nécessaire à la draperie), d’autres vont à Madère (pour le sucre de canne, produit de luxe et de grand rapport), et les marins de Honfleur atteignent Terre Neuve en 1506. Des Rouennais s’installent en Espagne, au Portugal, en Allemagne et aux Pays-bas. Des Bretons vont en Espagne et en Angleterre ; des Toulousains sont partis vers Barcelone ; des Agenais vers la Catalogne et même à Valence et à Grenade, mais la plupart sont revenus. Certains Auvergnats ont émigré, au 16ème siècle, vers l’Aragon, la Castille et l’Andalousie, temporairement eux aussi.
Au 16ème siècle, commence en effet, une période d’émigration française, au moment même où la France est « pleine », le repeuplement consécutif à la fin des calamités des 14ème et 15ème siècles ayant amplement et rapidement réussi. Le sentiment national qui s’est déclaré avec Jeanne d’Arc va s’intensifier très vite. La langue française, celle qu’on parle entre Loire et Seine, s’est substitué au latin dans les actes officiels dès les états généraux de 1484, ce qui exprime l’unité de la nation. Les rois vont enfin prendre conscience de la nécessité de mieux connaître « leurs peuples ».
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