Les rives de l’Adour ont servi d’abri aux hommes préhistoriques ; puis se sont développées les activités propres aux fleuves : pêche, moulins, ports…L’Adour à ses origines, remontait jusqu’à Capbreton pour trouver un passage vers l’Océan Atlantique. Au milieu du XIVè siècle, cet estuaire fut bouché, l’embouchure du fleuve remonta alors vers le Nord, jusqu’à Port d’Albret. Mais Bayonne n’avait plus de port. Au XVI siècle la dune fut brisée dans le cadre des travaux menés par l’ingénieur Louis de Foix, qui ramena l’embouchure à Anglet: le cours de l’Adour fut ainsi raccourci de 30 km.
Tout le long de la côte, jusqu’au Vieux Boucau, il subsiste un réseau de lacs.
L’Adour entretenait une forte activité de transport de marchandises sur galupes (gabarres landaises), permettant d’écouler la production de l’intérieur du Sud-Ouest et notamment les vins des vignobles gascons. Cette activité perdura jusqu’à l’orée du xxe siècle où elle s’inclina devant l’arrivée du train, plus rapide et plus économique. Les quatre principaux ports de l’Adour étaient, par ordre décroissant de tonnage réalisé :
- Mugron
- Saint-Sever
- Hinx
- Dax
À cela, il convient d’ajouter le trafic en provenance du port de Mont-de-Marsan, empruntant la Midouze avant de rejoindre l’Adour à hauteur de Tartas.
Aujourd’hui encore, l’Adour sert de vecteur d’exportation de certaines productions locales comme le maïs.
L’Adour est un fleuve du bassin aquitain dans le sud-ouest de la France, classé site Natura 2000 (SIC/pSIC). D’une longueur de 335 km, il prend sa source dans le massif pyrénéen du Pic du Midi de Bigorre, au col du Tourmalet (Hautes-Pyrénées – 65) et se jette dans l’océan Atlantique après Bayonne, à Tarnos (Landes) pour la rive droite et Anglet (Pyrénées-Atlantiques – 64 Basses Pyrénées) pour la rive gauche.
En gascon, adour (terme ancien) signifie « source », « cours d’eau » et adourgà ou adorgar signifie « irriguer ». Le mot adur s’est spécialisé en basque dans le sens de ‘destin’, « onde magique » (sens présumé de « humeur »).
Adour, en basque Aturri, en latin Aturrus, est un nom de rivière pré-latin peut-être apparenté aux mots basque iturri « source » et languedocien teron « fontaine ». On lui doit les noms de rivières Eure (Atura), Aar (Arura), Arroux (Aturauos), Arve (Aturaua), Orne (Otorna),Ourcq (Aturicos) ou de ville espagnoles : Tarazona (< Turiasso; Aragon), Tossa de Mar (< Turissa; Catalogne), Túria (Aragon, Valence), etc. sans oublier Aire-sur-l’Adour (Atura, du nom au fleuve).
Au xive siècle, le chroniqueur Jean Froissart mentionnait l’Adour en ces termes « la belle rivière de Lisse qui court tout au milieu de Tarbes » .
C’est une lutte de plusieurs siècles que se sont livrés gens de Bayonne, de Cabreton et de Port d’Albret (Vieux Boucau), pour faire de l’Adour leur fleuve.
Longtemps c’est Capbreton qui est le port au débouché du fleuve sur l’Océan, et c’est par là qu’en 930, les Vikings ont envahi les Landes. C’est de là que partent les pêcheurs à la recherche des baleines, près des côtes tout d’abord, puis en Islande et jusqu’au Canada et Terre Neuve, lorsqu’elles se raréfient. Bayonne est alors en pleine prospérité. Grâce à sa situation privilégiée de port intérieur, aux eaux calmes et profondes à quelques kilomètres de l’embouchure, la vie économique y est florissante.
Mais vers 1310, des événements climatiques catastrophiques vont tout bouleverser. Tempêtes, pluies diluviennes incessantes, montagnes de sables déplacées et qui finissent par boucher l’exutoire de l’Adour dont les eaux gonflent et inondent Bayonne … une situation critique !
C’est alors que la force des eaux du fleuve déchaîné ouvre une brèche vers la dépression d’Hossegor. Le flot puissant rejoint l’exutoire du lac de Soustons, et finit sa course vers l’Océan au Plug de Messanges. Une nouvelle embouchure s’est créée. Bayonnais et Capbretonnais sont soulagés, mais très vite la situation portuaire des deux cités s’avère catastrophique. L’étroit exutoire qui demeure à Capbreton, est souvent impraticable et le trafic vers Bayonne est très aléatoire. Le chenal vers la mer se modifie au gré des intempéries qui le détériorent (éboulement des rives, ensablement, …), et les gros navires ne peuvent plus l’emprunter.
L’Adour se forme dans la vallée de Campan en Haute-Bigorre de la réunion de trois torrents :
- l’Adour de Payolle, du massif de l’Arbizon (2 831 m),
- l’Adour de Gripp, du massif du pic du Midi de Bigorre (2 877 m)
- l’Adour de Lesponne, du massif de Lascours (2 488 m),
L’Adour s’écoule vers le nord sur près d’une centaine de kilomètres à travers les Hautes-Pyrénées jusqu’au département du Gers. Là, il s’oriente vers l’ouest, contournant le vignoble de Madiran, et rejoint le département des Landes où il sépare les coteaux prépyrénéens deChalosse (au sud) des Landes de Gascogne (au nord).
Il est rejoint à Port-de-Lanne par les Gaves réunis, de débit supérieur, qui apportent les eaux du Lavedan, du Haut-Béarn et de Soule. Puis il se jette dans l’océan Atlantique entre les Pyrénées-Atlantiques (Anglet) et les Landes (Tarnos).
Autrefois, l’Adour se terminait par un delta correspondant au Maremne, autour de son estuaire principal de Capbreton. Son exutoire actuel dans l’Atlantique, à hauteur d’Anglet, lui a été donné en 1578.
Extrait du récit d’un amoureux de l’Adour
L’Adour est un des rares fleuves européens à posséder encore des frayères à saumons (Salmo salar).
Dans un lointain passé géologique, l’Adour a creusé une profonde vallée, aujourd’hui sous-marine. À 35 km au large, l’entaille atteint 1 000 à 1 500 mètres de profondeur : c’est le Gouf de Capbreton, qui ne se résorbe dans la grande déclivité océanique qu’à 50 km de la côte.
Qui connaît Lafitole, butte de molasse isolée, léchée par le fleuve, dont le château – disparu – était nommé « lanterne de Bigorre » ? Ce belvédère, haut de cinquante mètres, ne porte plus que quelques maisons et une église quelconque, mais le panorama sur les brumes du matin ou les couleurs tranchées des champs et des bois n’a que de lointaines limites ; le fleuve s’y devine en larmes argentées dans une gangue verte.
Passé de la Bigorre à l’Armagnac, l’Adour freine son cours, calcule ses premiers méandres véritables, forme des îles et des bras morts, les « noues ». Les rives ne sont plus tout à fait sûres. Mais il y a encore des passages plus rapides sur des « radiers » où les eaux se frottent aux cailloux dans un bruit continu de crécelle. Les poissons se multiplient en quantité et en nombre d’espèces. Les brochets n’arrivent pas à venir à bout des populations d’ablettes et de vairons ; gardons, carpes, barbeaux pullulent. Les truites finissent par renoncer. Sur les coteaux, la vigne est plus insistante.
On dit parfois que Bigourdans et Armagnacs auraient adopté le nom de « Val d’Adour » pour désigner cette vallée opulente. On peut en douter. Les solides ruraux qui peuplent les villages ancrés dans ce val utilisent toujours le nom de « Rivière » pour désigner leur terroir. Cinq communes sont ainsi baptisées. Le val est un rêve, la rivière une réalité.
A Aire-sur-l’Adour, le fleuve entre dans le département des Landes ; il est large, profond, dessine des contours plus amples et plus repliés, mais jamais son intérêt piscicole ne faiblit, et les « gros », tels la carpe, la brème et le mulet, appelé « muge », défieront les pêcheurs jusqu’au bout. Le fouillis des bois sur les rives s’accroît encore, tandis que villages et maisons s’éloignent des terrains saturés d’eau, les « barthes », qui occupent le fond de la vallée, plus ou moins bien protégées par des digues à l’approche de la mer.
Partout, l’Adour a l’âme généreuse. Les terres qu’il traverse, dans des paysages plantureux, ont la fécondité qu’apportent le soleil et l’eau. Sa vallée est celle de toutes les nourritures terrestres. Le maïs, plus ancien et plus beau ici qu’ailleurs, côtoie des prairies, des jardins, des vergers. Les oies comme les canards, gavés de grains dorés, apportent des promesses de foie gras.
La vigne est présente de Tarbes à Urt ; de Belloc à Larrivière, elle invente de somptueux crus de terroir : Madiran, Pacherenc-du-Vicbilh, Côtes-de-Saint-Mont, tandis que la traversée du Gers coïncide avec celle de l’Armagnac, qui distille dans ses alambics de cuivre une eau-de-vie de « premier jet », plus fréquemment qu’une eau-de-vie « à repasse », distillée deux fois, comme le cognac. Ici, contre toute attente, le bas Armagnac a plus de réputation que le haut, et s’écrit avec orgueil sur les étiquettes.
Tout au long de son cours, l’Adour est ainsi une provocation permanente à mépriser les régimes diététiques et les mises en garde sur les « abus dangereux ». Mais le remède est à côté du mal, dans les eaux de Bagnères-de-Bigorre, au pied de la montagne, et de Dax, où vient mourir la marée.
L’Adour ressemble à l’amour : passionné, généreux, toujours tentateur… et quelque peu médecin.
Les 28 et 29 octobre 1978, une centaine de scientifiques et d’accompagnants se réunissaient le plus sérieusement du monde à Bayonne en un congrès organisé par la ville de Bayonne et la Société des sciences, Lettres et Arts de cette cité, à propos d’un thème tout à fait inédit : le IVe centenaire du détournement de l’Adour…
Ceux qui connaissent la célèbre et très sonore chanson gasconne « Si la Garonne avait voulu, lanturlu ! » (si elle avait voulu à Toulouse ne pas se détourner vers Bordeaux !) pouvaient penser un instant à un canular de même calibre concernant l’Adour. Mais pas du tout : le thème était sérieux et très valable, car il fut constaté que des intéressés arrivèrent de tous les coins de France et aussi de l’étranger pour commémorer l’événement en question qui s’était déroulé à Bayonne quatre siècles auparavant, le 25 octobre 1578 très exactement.
Le « détournement » par Louis de Foix en 1578
On retrouvera l’ingénieur un peu plus tard dans la région, attachant son nom à la construction du très beau phare de Cordouan planté hardiment à 63 m de hauteur sur le rocher de même nom au large de l’estuaire de la Gironde, et dont l’édification traînera pendant vingt-six années, de 1584 à 1610…
Depuis : 400 ans de problèmes avec la « barre de l’Adour »
Mais le cadeau de Louis de FOIX aux Bayonnais en 1578 se révélera un peu empoisonné, Car à la nouvelle embouchure (le nouveau BOUCAU) il y a l’Atlantique… et il y a le sable ! Le fleuve dériva d’abord à l’intérieur de son nouvel estuaire : vers le sud de la côte d’Anglet, pour former près de la chambre d’Amour plusieurs passes sinueuses, et très vite il y eut formation d’un maudit banc de sable, véritable haut fond en plein travers de l’estuaire lui même : la « barre de l’Adour ».
De siècle en siècle pendant 400 ans, il fallut procéder à des endiguements de plus en plus rallongés, toujours pour chercher à resserrer le fleuve entre les deux rives en repoussant l’envahissement latéral des sables, le but étant de concentrer l’effet de chasse d’eau produit par le jusant. Mais chaque fois qu’on allonge les digues, la barre se recule d’autant, et elle est toujours là !
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Dans l’Adour, on trouve encore tous les migrateurs sauf l’esturgeon (disparu pour cause d’extraction massive, et de surpêche) : Saumon, Anguille, Grande Alose, Alose feinte, Truite de mer, Lamproie fluviatile, Lamproie marine.
1. Les aloses sont très présentes sur l’Adour jusqu’à Saint-Maurice (où se situe un obstacle infranchissable), et dans les Gaves.
2. L’anguille : sa population subit un très fort déclin dans la majeur partie de l’Europe depuis une vingtaine d’années, essentiellement à cause des atteintes portées à ses milieux de vie continentaux.
3. La lamproie est présente sur le bassin, mais on manque encore de connaissances sur l’évolution de sa population.
4. Le saumon est une espèce emblématique de ce bassin : on le trouve dans les bassins des gaves (Oloron, Pau) et de la Nive, mais pas dans l’Adour même. Les efforts engagés depuis 1999 pour la reconstitution de ce stock (réduction de la pêche au filet et à la ligne, alevinage), combinés à l’amélioration de circulation (passes à poissons) donnent des résultats encourageants : le saumon colonise de meilleures zones de frayères, sur les parties amont, et les productions de juvéniles atteignent des niveaux très supérieurs à ceux des quinze dernières années.
La diminution générale de la faune piscicole s’explique par plusieurs facteurs :
- la dégradation générale du milieu
- les nombreux obstacles tels que les barrages hydroélectriques, les seuils et les barrages de soutien d’étiage
- les extractions qui ont conduit à la destruction des zones de frai et de grossissement, notamment celle des esturgeons
- la mauvaise qualité de l’eau, notamment à l’aval de la Midouze, qui constitue un obstacle à la migration piscicole
- les prélèvements d’eau pour l’irrigation