La Gaule « Barbarie » du 3è au XIè siècle (partie 2)
Posté par francesca7 le 18 mars 2013
Les chefs francs ou vandales atteignent l s plus hautes fonctions, y compris le Consulat, et font de beaux mariages jusque dans les familles impériales ; ces peuples, trop minoritaires, ne veulent pas détruire un empire romain dont ils tirent profit, et qu’ils admirent malgré son déclin, au point d’adopter sa langue, ses mœurs et bientôt sa nouvelle religion.
La menace des cavaliers de la steppe, originaires d’Asies, les Huns, qui se déplacent en masse vers l’ouest à partir de la fin du IVè siècle, va détruire ce fragile équilibre.
La percée décisive a lieu le 31 décembre 406, lorsque les Vandales, les Suèves et les Alains franchissent le Rhin et saccagent la Gaule dans tous les sens pendant trois ans, avant de continuer en Espagne, au Portugal et en Afrique. Seuls quelques Alains restent pendant une génération, le temps de laisser leur nom à quelques villages : Allainville (près d’Orléans), Allogne (près du Mans). Venus de Pologne au IIIè siècle et installés en Souabe et en Franconie, les Burgondes, auparavant alliés des Romains et largement romanisés, profitent de la panique générale pour franchir aussi le Rhin en 406 ; ils s’installent dans le Jura le Genevois, le bassin de la Saône, et atteignent Lyon, puis Vienne en 457 leur royaume donne sa deuxième femme à Clovis, la catholique Clotilde, et disparaît en 534 avec son incorporation au royaume franc par les fils de Clovis et Clotilde, formant le futur comté, puis duché, de Bourgogne. Il reste de leur passage des noms de villages se terminant par : ans, – ens, -anges, -inge, -inges, du Jura au Chablais.
venus au IIème siècle des régions baltes, les Goths, installés vers la mer Noire, exigent et obtiennent par la force, en 376, l’autorisation de franchir le Danube pour échapper à la menace des Huns. Mais, percevant un sentiment antigermanique croissant à la cour impériale, ils réagissent en pillant Rome pendant trois jours en 410, avant de passer en Gaule et de s’établir dans la vallée de la Garonne en 412, s’installant à Toulouse, Bordeaux, Narbonne et Valence. En 414, le roi Athaulf épouse une fille de l’empereur Théodose et les Wisigoths, devenant des allées de Rome, du reste peu fidèles et loyaux, vont former le premier royaume barbare en Gaule. Celui-ci s’étendra, pour un siècle, jusqu’à la Loire et le Rhône, englobant la Gascogne, l’Aquitaine, le Poitou, le Berry, la Provence, la Septimanie (Bas-Languedoc), l’Auvergne, le Limousin, sans compter l’Espagne où ils se réfugieront après la contre-offensive victorieuse de Clovis (Vouillé, 507). Les Ostrogoths, installés en Provence jusqu’en 537 (reconquête franque), ont laissé des traces encore plus insignifiantes que les Wisigoths du sud-ouest.
L’aventure gauloise des Burgondes et des Wisigoths rappelle que les Germains ont été poussés par les Huns dont la principale action dans notre pays a été d’y installer des peuples qui n’avaient aucune raison d ‘y être. Ces réfugiés germains sont considérés par les empereurs romains comme des mercenaires qui sont logés et nourris chez l’habitant et dont les chefs bénéficient de dons de terre et d’or. Rome achète leur pacifisme, voire leur alliance et, objectivement les Germains jouent le jeu contre un ennemi commun. Ainsi, quand Attila brûle Trèves, Metz et Reims, menace Paris et Pille Orléans en 451, i suffit de quelques mois et d’une bataille (les Champs catalaunique) aux Francs, aux Wisigoths et aux Burgondes, alliés aux Romains pour vaincre le « fléau de Dieu », dont la mort en 453 entraîne aussitôt la dispersion des Huns et leur disparition définitive de l’occident.
Etablis en Souabe, moins romanisés, les Alamans sont, au IVè siècle, les plus menaçants des Germains. Ils s’installent, après 406, en Séquanie du nord (Besançon) et en Alsace, mais ils s’intéressent davantage à la Suisse et à l’Italie. Les villages nommés Allemants, Aliemagne, témoignent de leur présence. Là encore, ils sont arrêtés à Tolbiac en 496 par Clovis qui brise de nouveau leur élan en 506. En 536, naît le duché d’Alsace.
Sans refaire l’histoire, d’ailleurs obscure, de Clovis, précisons seulement qu’il n’a pas véritablement fait la conquête de la Gaule, mais plutôt un coup d’état en remplaçant, au nord de la Loire, le Romain Syagrius après la victoire de Soissons (en 486, à l’âge de 20 ans, la cinquième année de son règne sur les Francs Saliens). S’il a éliminé cruellement les autres roitelets francs pour unifier son peuple installé de la Lippe au Pas de Calais, il a usé de prudence et de sagesse avec les Gallo-Romains, dont il adopte la religion catholique (date et lieu de baptême controversés) et qu’il ne traite pas en vaincus, préférant les faire collaborer à son pouvoir, s’alliant avec l’Eglise et l’aristocratie indigène, alliance dont chacun profite. Pour montrer qu’il se détache de sa région d’origine, il quitte Tournai et se fixe à Paris, alors ville romaine assez modeste pour ne pas résister à l’emprise du vainqueur, et s’y fait enterrer en 511.
Sauf à la frontière nord-est, l’influence franque restera cependant limitée, contrairement à ce que pourrait laisser croire la mode des noms de villages : Amouville = la villa (mot romain) et Arnolf / Arnoul (prénom germanique) et des personnes : Bernhard signifie Ours dur, Robert (Rogbert) Gloire illustre, et Gertrude (Garitrud) Lance fidèle ! Ces prénoms francs ne seront remplacés par des chrétiens qu’au XIIème siècle. Cela prouve que l’histoire de la Gaule médiévale est celle de l’Etat franc, mais pas que le peuple franc a envahi la Gaule. En 511, tous les guerriers de Clovis s’étaient mariés avec des femmes gallo-romaines et commençaient à se romaniser après avoir, presque tous, adopté le catholicisme à la suite de leur roi, ainsi que la langue latine. On a vu que l’influence franque incorpore, après la mort de Clovis, les anciens territoires des Wisigoths, des Burgondes, des Ostrogoths et des Alamans. Sous les Carolingiens, elle atteindra la Catalogne, l’Aragon (Marche d’Espagne), la Bohème (Marche Sorbe), la Frise (Marche danoise), mais pas l’Armorique (Marche de Bretagne).
Frise des Mérovingiens
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