La Beuffenie en Côte d’Or
Posté par francesca7 le 15 mars 2013
Cette légende est typique de la haute vallée du Serein mais aussi de l’Armançon. La Beuffenie est une espèce d’ogresse, de croque-mitaine en cotillon qui hante quelques sites de l’Auxois, caractérisés par des amas de rochers étranges et d’accès difficile.
En 1883, P.Sébillot, dans son Gargantua, écrit : « dans la commune de Pont d’Aisy (21), existe une pierre à écuelle aux dimensions assez vastes, appelée la Chaudière de la fée et du Galafre. La capacité de la chaudière indique que c’était un rude gourmand ; il y faisait la cuisine avec la fée Beuffenie qui était bien aussi une méchante sorcière… »
Au Sud du village d’Aisy sous Thil, le portrait, petit ruisseau affluent du Serein, a creusé dans le granit, un vallon portant le nom de Galafre. L’endroit est boisé, abrupt, profond et sombre ; une impression curieuse, oppressante se dégage de ce site chaotique, encombré de roches et d’arbres morts, déracinés par le vent ou foudroyés. Son exploitation passée, comme carrière, ajoute encore au désordre naturel.
A proximité du ruisseau, parmi tous les rochers couverts de mousse et de polypode vulgaire, un énorme bloc granitique de 4,30 md e long sur 2 m de large est percé d’un trou rond de 45 cm de diamètre et autant de profondeur ; la chaudière des fées ou le cuvier de la fée ou encore le cuvier d’lai Beuffenie. Une cavité aussi régulière dans un granit aussi dur ne semble pas naturelle et garde tout son mystère ; peut-être doit-on remonter aux cérémonies druidiques de nos ancêtres les Gaulois pour hasarder une explication ?
Peut-être doit-on reculer encore davantage ?
La légende nous dit que c’était la marmite d’une fée fort méchante, décrite comme une vieille « fonne peute et reufouse » (femme laide et crasseuse) qui avait élu domicile en Galafre. On pouvait y voir sa maison, sa grange, son écurie qui n’étaient autres que des espèces de grottes formées par les « porons » (pierres, rochers) de granit que le hasard avait superposés.
La Beuffenie est morte depuis peu, dit-on, et son mobilier a été transformé en roche. Bien qu’elle n’existe plus, sa mauvaise influence persiste encore. Il n’y a qu’un moyen de conjurer ses maléfices lorsqu’on la rencontre, c’est d’avoir sur soi du pain et du sel. Quelquefois, la nuit, des voix montent de ce vallon perdu :
- En Galafre, y seu (je suis) !
- Sans ton pain, sans toi sau (sel) de Galafre t’n’ sortirô !
Le soleil couché, il est déconseillé de cheminer, la besace vide, sur le sentier raboteux qui longe le ravin maudit. On prétend que plusieurs personnes qui n’avaient pas pris cette sage précaution n’ont jamais reparu…
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A Thostes, la Beuffenie habite la « Pierre de Rochefort », dans un massif de roches, avec plusieurs cavités, à l’extrémité nord-ouest du village. Après des pluies abondantes, l’eau ruisselle sur la pierre et on dit alors que « la Beuffenie fait sa blie » (lessive). Les enfants ne doivent en aucun cas s’approcher dans son repère…
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A Clamerey, la Beuffenie vient filer sa quenouille à minuit, en certains lieux écartés, en particulier sur un rocher dominant l’Armançon appelé encore le « Poron d’lai Beuffenie ».
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A Nan sous Thil, la pierre s’appelle aussi le « Poron des Crouèches ». Les filles et les femmes filent la laine des moutons ; les mauvaises fileuses sont promise à la sorcière : « Si t’n’filô pas, lai Beuffenie t’prenrô ! »
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A Vic sous Thil, Thil la Ville et Noidan, les enfants sont menacés de la Beuffenie, une vieille femme qui les emportera pour les faire bouillir dans sa marmite s’ils ne sont pas sages.
Et près de Lacour d’Arcenay, la Louise, une méchante fée, fait sa cuisine dans deux gros trous à peu près ronds creusés dans un énorme bloc disposé comme une pierre tournante : le Perron de la Louise. Non loin de la là se trouve un rocher à peu près semblable ; « le perron de la Jaquette ». La nuit, montée sur l’une de ces pierres, la Jaquette, redoutable fée, cherche par ses cris à égarer et à effrayer les voyageurs.
Toutes ces épouvantables créatures se réunissent quelquefois en Galafre et surtout sur Ligot. Elles y mènent grand tapage, à l’occasion du sabbat, présidé par la Beuffenie, bien sûr !
PS : Le terme de Galafre peut être rapproché du vocable de « goinfre » et la Beuffenie de celui de « bouffe ».
Bonjour Francesca,
Merci pour votre réponse,votre aide, et bonne continuation à vous aussi.
Bien cordialement,
Martine Schnoering.
Bonjour.
Vous avez mis en ligne un article très intéressant sur la Beuffenie en Côte d’Or. Il me sera bien utile pour partir à la découverte de ces belles pierres de légendes.
Magnifiquement logées dans de belles forêts ou des vallons mystérieux, edlles sont des fils conducteurs très excitants pour découvrir un certain aspect du Morvan. C’est un massif que je découvre à peine, venant des Vosges que je connais déja assez bien et que je parcours depuis une vingtaine d’années.
La première fois que j’ai découvert de mot de « Beuffenie », c’était le WE dernier. A la Roche-en-Brenil, je partais à la recherche du Poron Meurger, superbe chaos granitique que j’ai trouvé sans trop de peine. Ce ne fut pas le cas pour la Beuffenie, située dans le même secteur. Sa localisation sur la carte IGN de Géoportail, au sud de Montmilien, serait-elle inexacte ?
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil?c=4.172434019787943,47.34840321810513&z=0.00004291534423764136&l=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS::GEOPORTAIL:OGC:WMTS(1)&l=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.3D::GEOPORTAIL:OGC:WMTS==aggregate(1)&permalink=yes
Peut-être pouvez-vous m’aider à la localiser plus précisément ?
Vous en remerciant par avance,
Martine Schnoering
http://www.martineschnoering.com/
Bonjour Martine
Voici un site où vous pourrez trouver des détails et des circuits afin de mieux vous diriger dans vos visites : http://www.morvanvtt.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=76:la-roche-en-brenil-circuit-vtt-09&catid=30:la-roche-en-brenil&Itemid=100701
Bonne chance et belles découvertes à vous !
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