Hymne au soleil
Je t’adore, Soleil ! ô toi dont la lumière,
Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel,
Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,
Se divise et demeure entière
Ainsi que l’amour maternel !
Je te chante, et tu peux m’accepter pour ton prêtre,
Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu
Et qui choisis, souvent, quand tu veux disparaître,
L’humble vitre d’une fenêtre
Pour lancer ton dernier adieu !
Tu fais tourner les tournesols du presbytère,
Luire le frère d’or que j’ai sur le clocher,
Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère,
Tu fais bouger des ronds par terre
Si beaux qu’on n’ose plus marcher !
Gloire à toi sur les prés! Gloire à toi dans les vignes !
Sois béni parmi l’herbe et contre les portails !
Dans les yeux des lézards et sur l’aile des cygnes !
Ô toi qui fais les grandes lignes
Et qui fais les petits détails!
C’est toi qui, découpant la soeur jumelle et sombre
Qui se couche et s’allonge au pied de ce qui luit,
De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre,
A chaque objet donnant une ombre
Souvent plus charmante que lui !
Je t’adore, Soleil ! Tu mets dans l’air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses !
Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu’elles sont !
Edmond ROSTAND (1868-1918)
Edmond Eugène Joseph Alexis Rostand, né le 1er avril 1868 à Marseille, mort le 2 décembre 1918 à Paris 7e, est un auteur dramatique français.
Edmond Rostand est le père du fameux biologiste Jean Rostand.
Edmond Rostand naît en 1868 dans une famille aisée de Marseille. Il est le fils de l’économiste Eugène Rostand, et l’arrière-petit-fils d’Alexis-Joseph Rostand (1769-1854), un maire de Marseille.
En 1880, son père mène toute sa famille, Edmond, sa mère et ses deux cousines, dans la station thermale en vogue de Bagnères-de-Luchon. Hébergés d’abord dans le « chalet Spont », puis dans la « villa Devalz », ils font ensuite édifier la « villa Julia », à proximité du Casino. Edmond Rostand passe plus de vingt-deux étés à Luchon, qui lui inspire ses premières œuvres. Il y écrit notamment une pièce de théâtre en 1888, Le Gant rouge, et surtout un volume de poésie en 1890, Les Musardises. C’est dans cette station thermale et touristique qu’Edmond Rostand se lie d’amitié avec un homme de lettres luchonais, Henry de Gorsse avec lequel il partagea le goût pour la littérature.
Il poursuit ses études de droit à Paris, où il s’était inscrit au Barreau sans y exercer et, après avoir un temps pensé à la diplomatie, il décide de se consacrer à la poésie. En 1888, avec son amiMaurice Froyez, journaliste parisien, il se rend au champ de course de Moustajon et ils y décorent leur équipage d’une abondance de fleurs des champs. Ils font sensation devant un établissement à la mode, le café Arnative, et improvisent en terrasse une joyeuse bataille de fleurs avec leurs amis. C’est ainsi que naquit le premier « Corso fleuri », ayant traditionnellement lieu le dernier dimanche d’août à Luchon, et où le gagnant se voyait remettre une bannière.
Le Premier avril 1888, il fonde avec son ami Maurice Froyez le « Club des natifs du premier avril », dont les statuts stipulent que ses membres jouiront à vie du privilège d’entrer gratuitement dans tous les établissements publics, opéras, théâtres, champs de course et maisons closes, de pouvoir rire aux enterrements afin de les rendre moins sinistres, de bénéficier à leur naissance du parrainage du chef de l’État et, en outre, de se voir attribuer un appartement de fonction dans un des Palais nationaux, résidence pourvue de tout le confort souhaitable et d’une domesticité jeune, accorte et complaisante.
Dans le train pour Montréjeau, son père fait la rencontre de Madame Lee et de sa fille Rosemonde Gérard, et les invite à prendre le thé à la villa Julia. Le 8 avril 1890, Edmond épouse Rosemonde, poétesse elle aussi, dont Leconte de Lisle était le parrain, et Alexandre Dumas le tuteur.
Rosemonde et Edmond Rostand auront deux fils, Maurice, né en 1891, et Jean, né en 1894.
Edmond quitte Rosemonde en 1915 pour son dernier amour, l’actrice Mary Marquet.
Edmond Rostand obtient son premier succès en 1894 avec Les Romanesques, pièce en vers présentée à la Comédie-Française, mais c’est surtout Cyrano de Bergerac, qui triomphe dès la première en 1897, que la postérité retiendra. Dans les années 1910, il collabore à La Bonne Chanson, Revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel.
Après l’insuccès critique de Chantecler, Rostand ne fait plus jouer de nouvelles pièces. À partir de 1914, il s’implique fortement dans le soutien aux soldats français.
Il meurt à Paris, le 2 décembre 1918, de la grippe espagnole, peut-être contractée pendant les répétitions d’une reprise de L’Aiglon.
Il repose au cimetière Saint-Pierre de Marseille, sa ville natale.