Histoire des Migrations humaines
Posté par francesca7 le 5 mars 2013
Contrairement à l’opinion commune, les recherches d’histoire familiale ne sont ni simples ni aisées. Elles se fondent essentiellement sur la recherche de documents d’archives qui peuvent nous renseigner sur les filiations des hommes et des femmes qui nous sont précédés. Or, ces sources sont de plus en plus rares à mesure que l’on remonte dans le temps, et parfois, d’une fiabilité réduite, voire douteuse.
Pour compliquer les choses, nos ancêtres avaient beaucoup moins recours à l’administration que nos contemporains et, en conséquence, leur existence laissait beaucoup moins de traces, surtout s’ils n’étaient ni nobles, ni riches, ni fonctionnaires royaux. Bien que cette différence de traitement puisse nous choquer, il faut admettre qu’il est plus facile de remonter la généalogie d’une famille noble ou de riche bourgeoisie, que celle d’une famille d’artisans ou de paysans sans fortune.
De tout temps, le souci des propriétaires et des seigneurs de connaître le nombre de leurs serviteurs (esclaves, serfs, paysans, artisans) n’a été réalisable que de façon fort limitée. Il n’a pu s’exécuter sur une grande échelle qu’à partir du 16ème siècle.
L’obligation pour les prêtres de tenir des registres de baptême, de mariage et de décès est instituée par François 1er en 1539, et celle de déclarer les grossesses, par son fils Henri II, quelques années plus tard. Mais l’idée d’étudier ces mines de renseignements démographiques se situe vers 1959 ! Après un oubli au 17ème siècle, le besoin de connaître le nombre de Français (futurs contribuables et soldats potentiels), est repris par Louis XIV à la fin de son règle, sur les suggestions de Boisguibert et de Vauban. Mais cela n’est vraiment appliqué de façon régulière et scientifique qu’après la Révolution, et les recensements de la France ne sont fiables que lorsque sa population s’est géographiquement stabilisée.
Les premières synthèses sur la population française ont environ 100 ans (travaux de Levasseur, Chervin et Schône) et paraissent au moment où les Français prennent conscience de leur affaiblissement démographique face aux Allemands en pleine expansion (contre lesquels ils rêvent d’une revanche de plus en plus aléatoire) et qui risquent d’envahir la France, soit avec les soldats, soit avec des immigrants.
La Société de démographie historique, fondée par Renhard et Armengeaud en 1963, organise la recherche, et ses membres, souvent professeurs d’université, poussent leurs étudiants à publier des centaines de monographies de villages (d’ailleurs mal répartis sur le territoire national) visant à reconstituer les familles ; mais seulement les familles stables et non pas les migrants, les nomades ou les marginaux.
Pour pallier à ces insuffisances, Louis Henry lance à l’Institut National des études démographique, dès 1958, deux enquêtes dont les résultats sont publiés dans différentes revues, de 1972 à 1978, permettant une synthèse de la population française depuis le début du 16ème siècle. J.N Biraben a lancé, en 1982, une deuxième enquête pour systématiser le comptage des registres paroissiaux depuis 1570. Mais pour les périodes antérieures, les sources restent très fragmentaires, imprécises et peu fiables.
Plus on s’éloigne dans le temps, plus les sources s’avèrent rares et difficiles, et pourtant les déplacements de population sont très importants. Le peuplement de la France a connu des étapes essentielles et des vagues successives d’origines diverses. Aux peuples indigènes de la préhistoire se sont ajoutés les Indo-Européens (Celtes, Grecs, Carthaginois, Romains), puis les Germains (Francs, Wisigoths, Burgondes, Saxons), sans oublier les Viking, les Sarrasins, les Hongrois et les Bretons. Le peuplement s’achève à peu près en l’an mille. Mais les migrations intérieures, les émigrations du 16ème au 19ème siècle, ainsi que les immigrations depuis le siècle dernier, modifient ce peuplement déjà varié et ancien.
Procédant par ordre chronologique, nous distinguerons trois périodes successives ; la première évoquera le peuplement, les invasions et les mouvements de population en France de la préhistoire à la Renaissance ; au cours de la deuxième, nous étudierons l’enregistrement des familles et le début de l’émigration française du 16ème au 18ème siècle ; la troisième portera sur les migrations depuis la Révolution.
Remerciements à Mme Janine Cacciuttolo, professeur d’histoire – maîtrise de l’université de Nanterre – Paris X.
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