Coutumes avant et pendant le mariage
Posté par francesca7 le 4 mars 2013
au 19 et 20è siècle
Outre les fêtes traditionnelles du calendrier, les célébrations religieuses de la plus jeune enfance jusqu’au mariage sont autant d’occasions de se réjouir, en commençant par le baptême, puis la première communion, la communion solennelle, la confirmation et enfin le mariage…
Quand une fille du pays a décidé de se marier avec un garçon de l’extérieur, le jour où les bans sont annoncés à l’église, les garçons du village se retrouvent aux alentours de sa maison. Après quelques salves de fusils (à blanc) montrant par là leur répugnance de voir enlever une des leurs, ils apportent en signe de conciliation aux fiancés des cadeaux symboliques. Ils remettent d’abord à la jeune fille, pour qu’elle la transmette à son promis, une lettre que l’on appelle « LE COMPLIMENT », en fait, c’est l’explication des regrets éprouvés par les garçons du village de voir partir une de leurs amies dont ils vantent les qualités. Ils offrent aussi au jeune couple deux verres, généralement à pied ou décorés, pour bien montrer que ceux-ci sont réservés aux grandes occasions. Pour inciter le fiancé à donner à boire, ils ont apporté une bonne bouteille pour « amorcer la pompe » afin de trinquer à la santé des futurs époux. Le meneur de jeu offre, au nom de tous, des gâteaux secs en commençant par la jeune fille. Il lui présente dans une assiette décorée qu’elle conservera, celle-ci est doublée d’une autre ordinaire, qu’il laisse tomber quand la fiancée se sert. Le nombre des morceaux à terre indique soit le nombre des enfants à naître, soit le nombre des années de bonheur du jeune couple. Les garçons ayant participé à « la prise » sont généralement invités à partager le dessert du repas de noce.
LE MARIAGE
Pour manifester leur présence le jour du mariage, en signe de réjouissance, les jeunes gens viennent tirer des coups de fusil au départ du cortège de la maison à la mairie. Ils feront de même à l’église au moment du « oui » traditionnel, et à la sortie du jeune couple. Ces coups de fusils sont tirés en direction du coq qui surmonte le clocher. Dans le langage populaire, c’est un geste de réprobation envers « le coq qui n’a pas su garder ses poules ».
LE COMPLIMENT (1949)
Ce texte est adressé aux fiancés. En l’occurrence, il s’agit d’un « compliment » rédigé par les garçons du village qui voient partir une jeune fille du village avec son futur époux, lequel n’st pas du pays.
« Mademoiselle, Monsieur,
Permettez-nous de venir vous présenter nos félicitations avant que vous soyez unis par les liens du mariage ; excusez-nous si nous avons négligé quelques détails de cette « prise », la faute en est à la précipitation qui a régné sur nos préparatifs. Excusez-nous si vous nous trouvez importuns, en songeant que cette coutume est très vieille et qu’elle est à coup sûr un talisman infaillible pour faire durer toujours votre bonheur actuel.
Mademoiselle,
C’est avec beaucoup de regret que nous vous voyons partir. Vous avez partagé les mêmes bacs que nous à l’école, vus avez grandi dans le même cadre que nous, et nous avons su apprécier vos qualités. Nous savons que vous êtes toujours aimable, toujours adroite et toujours travailleuse ; ces qualités feront de vous une vraie maîtresse de maison, une vraie mère de famille. Votre mari aura la chance d’avoir une maison toujours en ordre, une femme économe et travailleuse et il peut être sûr de ne pas subir de scènes de ménage. Il ne pouvait pas mieux choisir et nous l’en félicitons.
Monsieur,
Si vous n’étiez pas un bon camarade, nous vous tiendrions rigueur de nous enlever ainsi une jeune fille du pays. Mais nous avons su vous apprécier au cours du séjour que vous avez passé dans notre commune. Quand vous êtes parti, vous avez laissé un vide parmi nous et nous avons vu qu’un bon « copain » était parti. Votre entrain, votre humeur, vous ont valu de bons amis. Cette gaieté naturelle était la marque d’un bon caractère et nous sommes sûrs que votre future femme a trouvé un mari aimant, dévoué et toujours de bonne humeur.
Mademoiselle, Monsieur,
Une nouvelle fois, nous vous renouvelons nos félicitations pour votre choix mutuel. Nous vous présentons nos vœux de bonheur, de prospérité et de richesse jusqu’à la fin de vos jours. Plus tard, quand vous serez blanchis et chenus, en retrouvant ces verres que nous vous offrons, vous saurez reconnaître que les jeunes de Dompierre en Morvan avaient deviné que vous seriez heureux. C’est tout ce que nous vous souhaitons ! »
Source : 100 ans de vie rurale à Dompierre en Morvan A.Monin.
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