Le Charron du Morvan
Posté par francesca7 le 2 mars 2013
A Dompierre en Morvan (21), au siècle dernier, le charronnage se transmet de père en fils depuis plusieurs générations. Le charron travaille uniquement le bois. Il fabrique et assemble toutes les pièces nécessaires à la réalisation des chariots, des tombereaux, petites charrettes, brouettes. Il façonne encore les manches de toutes sortes d’outils à main… Il répare, renforce, remplace aussi les pièces de bois défectueuses des véhicules qu’on lui amène. Une activité très importante du charron, c’est la fabrication de toutes ces roues de char ; des grandes, des petites, des larges, des fines, des robustes, des fragiles… toutes différentes, avec leurs caractéristiques en fonction de leur destination, impressionnante est la collection de gabarits de jantes qui orne les olives de l’atelier. Travail délicat que de tourner les énormes moyeux à peine dégrossis à la hache (30 cm de diamètre fini), de percer les mortaises destinées à l’emboîtement des rais (douze pour les roues avant de chariot et quatorze à l’arrière, ainsi que le tombereau), de façonner ces derniers dans le dur bois d’acacia ainsi que les arcs de cercle qui constituent la jante (six pour douze rais et sept pour quatorze rais).
Les moyeux sont en « torillard » (orme) ou en « châgne » (chêne) mais ce dernier a tendance à se fendre. Les rais sont toujours en acacia, bois capable de supporter les pires contraintes. Les jantes sont généralement en frêne, quelque fois en orme. Toutes les autres pièces qui constituent le véhicule (limons, planches, échelles, « échelottes »…) sont le plus souvent en chêne. Le bois nécessaire provient des « bouchures » ou de la forêt voisine. Le charron achète les arbres et les transporte à la scierie la plus proche (Chamont, La Roche en Brénil ou Pont d’Aisy – 21).
Lorsque toutes les pièces sont terminées, le charron les assemble, les règle puis recommence la sœur jumelle de la roue qu’il vient de fabriquer, car à part la brouette, les roues sont toujours par paires. Le rythme de production est de deux ou trois paires par semaine.
D’abord actionné à la main par un système d’engrenages, le tour du charron est équipé en 1929 d’un moteur à essence. Pendant la guerre, en 1942, le manque de carburant oblige notre artisan à acheter un moteur électrique et à sacrifier quelque volailles afin d’obtenir rapidement un branchement et éviter un chômage technique trop prolongé. Progressivement, l’atelier s’équipe de différentes machines (scie à ruban, dégauchisseuse, mortaiseuse) entraînées par des courroies qui tombent d’un long arbre fixé sous le plafond.
Pour l’opération de cerclage, le charron réalise sept à huit paires de roues de diamètres différents. Il se rend alors chez le maréchal ferrant qui prépare les cercles et les pièces métalliques que l’on peut trouver sur les chariots, les tombereaux etc…
Publié dans ARTISANAT FRANCAIS, Côte d'Or, Morvan, VILLAGES de FRANCE | Pas de Commentaire »