Faussaires de l’Histoire
Posté par francesca7 le 18 février 2013
Faussaires de l’Histoire :
responsables mais pas coupables…
(Éditorial du 15 juin 2011 paru dans le N° 39 de
La France pittoresque – juillet/août/septembre 2011)
Archiviste du Gard, auteur de nombreux romans historiques et d’aventures, Alexandre de Lamothe anathématise en 1873 dans Les métiers infâmes, les « faux monnayeurs de l’Histoire » qui mettent à profit la liberté de la presse pour perpétrer, impunément et à dessein, des mensonges parmi les plus exécrables en se jouant de la paresse d’esprit naturelle d’une majorité de nos concitoyens.
Tout ce que journalistes et écrivains relatent n’est pas nécessairement frappé au coin de l’authenticité, exprime-t-il en substance, confronté aux stigmates d’une désinformation médiatique déprédatrice. Prenant l’exemple de la Révolution française dont on a glorifié à l’envi certains instigateurs – parmi lesquels les philosophes des Lumières – tout en flétrissant à loisir les figures de l’Ancien Régime, il dénonce une « galerie de faux portraits gravés par des mains criminelles (où) toutes les illustrations les plus pures sont présentées sous les traits les plus repoussants et sous les couleurs les plus calomnieuses, tous les êtres les plus abjects hypocritement transfigurés et proposés à l’admiration populaire, comme les modèles les plus accomplis de toutes les vertus. »
Aujourd’hui encore, l’Education nationale, délivrant à nos enfants un récit aseptisé et controuvé de cette période sombre de notre Histoire, entretient le mythe d’un soulèvement mené pour et par le peuple, cependant que l’on avait en réalité pris auparavant soin d’agiter et d’affamer ce dernier, l’historien Gustave Bord écrivant en 1908 qu’à la veille de la Révolution, « le déficit financier n’eut de gravité que parce que les adversaires de la monarchie s’en firent une arme. (…) À l’extérieur, la France était puissante et respectée. Aucun pays ne jouissait alors de plus de libertés, d’esprit de tolérance. (…) Son gouvernement paternel était d’une douceur extrême, souvent même débonnaire. »
Mais « le malhonnête du livre ou du journal (…) n’a à craindre ni les gendarmes ni la prison », sa tromperie ne relevant « que de l’honneur et de la conscience », observe encore, lucide, notre pamphlétaire qui ajoute : « Le mensonge est bien plus attrayant que la vérité, et puis désapprendre ce qu’avec tant de peines on a appris dans un collège, est chose pénible et décourageante. On se laisse aller au courant de l’erreur qui vous porte tout doucement, au lieu de se fatiguer à le remonter ; seulement, au lieu d’aborder au rivage, on échoue sur un écueil. Les faussaires profitent de cette apathie ; ils se copient les uns les autres, chacun ajoutant sa petite dose de mensonge, et la fausse monnaie de l’histoire continue à circuler en s’altérant de plus en plus, grâce à l’impudence des uns et à la coupable complaisance des autres. »
Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque
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