Le patrimoine Littéraire
Posté par francesca7 le 8 février 2013
Le sentiment que le livre est le moyen le plus sûr de transmettre un héritage remonte à des époques lointaines. Il s’est agi tout d’abord, pour les bibliothécaires de l’Antiquité et du Moyen Âge, de conserver les tex tes par tous les moyens, quitte à les transférer d’un support à l ’ autre, et à perdre la qualité de référence de l’original. C’est à l’époque moderne que se développe le souci de conserver le document dans sa forme originelle : le mot « conservateur » dans son acception actuelle apparaît à la Renaissance. La recherche des manuscrits les plus anciens et celle de l’Antique prépare la voie au développement des techniques auxiliaires de l’histoire. Au XVIIe siècle, un humaniste comme Peiresca une approche résolument moderne des livres, Gabriel Naudé publie ses « instructions » ; mais il faudra encore du temps pour que le champ de la restauration et celui de la restitution soient encore précisément délimités.
L’ évolution de la notion de conservation des monuments typographiques et paléographiques est en cela comparable à celle de la restauration des monuments historiques. Charles Nodier rend hommage aux grands relieurs – restaurateurs de son temps, en qui il voyait les artisans d’une « ingénieuse palingénésie ». Des pastiches de reliure ancienne en vogue au XIXe siècle au souci actuel de respect archéologique du document, il y a une prise de conscience progressive, et jamais définitive, de la modestie et du nécessaire pragmatisme du rôle des conservateurs du patrimoine écrit et graphique.
Témoins et victimes de la durée historique et de l’histoire des fonds auxquels ils ont successivement appartenu, les documents de bibliothèques sont des objets complexes dont la préservation et la restauration échappe à tout axiome général, comme à toute « recette » systématique ou définitive. En outre, et au contraire de la plupart des autres patrimoines dont elles constituent souvent des clefs d’accès, ces collections ont un caractère massif et sériel qui rend les choix particulièrement délicats.
Désormais documents anciens comme modernes, y compris les nouveaux supports de l’information, sont justiciables de « traitement physique de masse », les productions récentes ne sont plus les seules à alimenter les catalogues collectifs et les fonds des XIXe et XXe siècles ont vu leur blason redoré par l’importance donnée dans le décret du 9 novembre 1988 à la notion plus large de fonds anciens, rares, ou précieux
Extrait de : Protection et mise en valeur du patrimoine des bibliothèques de France par Jean – Sébastien DUPUIT – Directeur du livre et de la lecture
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